Qui imagine le général de Gaulle maintenir les élections municipales au péril de la vie de tous les français ? Cette formule choisie nous rappelle sans conteste celle de François Fillon, exprimée lors des primaires de 2016. Une formule qui ne cessera de lui revenir en plein visage, comme un boomerang. C’est alors, le début de l’effondrement de la droite dont elle était pourtant promise à la victoire en 2017.
Inutile de refaire l’histoire, nous la connaissons tous. Elle nous ramène à ce sentiment d’incompréhension, d’écœurement, et de colère, mais aussi, parfois, d’espoir, qui a été émoussé quotidiennement par les sentences du tribunal médiatique. Cette élection a été une épreuve terrible et un véritable électrochoc pour bon nombre de sympathisants et de militants.
Il s’en est suivi alors, un long et pénible chemin de croix, où certains caciques ont continué en gardant leur distance, tandis que d’autres, avec le peu de coffre qu’ils leur restaient, ont réussi à gonfler des canots de sauvetages en quittant le navire pour échouer sur une île, du haut de laquelle, ils portent toujours à leurs yeux sans larmes, une longue vue et guettent encore la traversée, laissant derrière des sympathisants naufragés
Puis, une majorité de responsables n’a pas voulu se présenter à la présidence des Républicains parce qu’il ne voulait pas participer à une énième guerre de clans qui aurait mis à mort le parti, mais aussi parce qu’il n’existe pas aujourd’hui une réelle volonté de tout reprendre, de fond en comble. Lorsque la perspective du pouvoir s’éloigne, les divisions deviennent béantes.Seulement trois personnalités ont proposé leur candidature. Et, c’est dans l’ombre de l’échec des primaires, que Laurent Wauquiez sort vainqueur, alors que l’on voulait faire du débat d’idée, une rhétorique salvatrice au sein du parti sans même l’avoir appliqué.
Un an et demi plus tard, « La ligne dure » n’a pas réussi à convaincre en interne, et l’espoir Bellamy, aveuglé dans le tourbillon des meetings déjà désertés par les sympathisants ont scellé le sort du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le parti n’a pas su se renouveler dans la production des idées, car sa seule et unique idée s’est focalisée sur le pari de l’échec d’Emmanuel Macron. Comme le disait si justement Alain : « Rien n’est plus dangereux qu’une idée quand on n’a qu’une idée. » Ainsi, ce fatalisme règne, jusqu’à parfois, tomber dans le déclinisme.
Après l’onde de choc, le parti a essayé de préserver cette note d’espérance par ce vieux gimmick de la politique française, en « ouvrant en grand les portes et les fenêtres », afin de ventiler la maison, de sortir de sa zone de confort, mais on ne choisit pas l’air que l’on respire, ni les vents mauvais.
C’est ensuite à Christian Jacob, « un admirable vétéran de guerre », que revient alors, la lourde tâche de sauvegarder le maillage électoral des Républicains, puisqu’il demeure le premier parti d’opposition, pour ainsi préparer les élections municipales, et prouver qu’il existe une alternative à cette relation binaire imposé par Emmanuel macron face au Rassemblement National.
Nous découvrons alors, durant cette campagne, que certains élus, au sein du parti ont voulu avoir un pied dedans et un pied dehors, pour choisir de ne pas choisir, en ressuscitant ainsi la culture de l’indécision.
D’autres, ont proposé l’union des droites, pour ne pas prononcer le mot alliance ou accompagnement avec l’extrême droite, cependant les partis ne peuvent ignorer la richesse de leur histoire.
Enfin, il y a les renégats de la politique, ceux qui, de manière insidieuse, ont souhaité se rapprocher du parti présidentiel en prônant un certain gaullisme. Or, le gaullisme est plus qu’une idée politique, il est une vertu politique.
C’est sans compter qu’à ces élections s’est ajoutée une crise sanitaire sans précédent. Le Président après avoir consulté les présidents des deux chambres, et toutes les forces politiques, a décidé de maintenir les élections, sans aucun rapport de force de la part de l’opposition, voire même avec une certaine hostilité s’il devait les reporter. Et, c’est à ce point clé, que la droite doit revenir sur ces fondamentaux, sur ce qui lie les hommes, sur ce qui fait l’honneur d’un parti politique.
Certains candidats et maires sortants ont continués leurs meetings obnubilés par le pouvoir sans prendre conscience du danger, et se sont rangés aux ordres du gouvernement qui ne donne pas le choix. Or le choix, c’est la liberté, ce mot si symbolique attaché à la droite.
La crise sanitaire que nous traversons nous éclaire sur tout ce qui se paupérise dans notre pays depuis environ 50 ans : la responsabilité individuelle, le civisme, la confiance, l’éducation, la réflexion intellectuelle. Elle nous dévoile ainsi la culture du « dé » : la déconstruction, la désinstruction dénoncé par René Chiche, la dénutrition, le dévoiement, la défiance, la déresponsabilisation, la démission.
Cette crise est l’addition de multiples causes issue des erreurs du passé. La crise de citoyenneté pendant le mouvement social des gilets jaunes en est l’exemple le plus récent et le plus marquant d’un quinquennat déjà bien entamé.
Le maintien des élections municipales est un échec politique pour l’ensemble de nos responsables, parce qu’ils en ont fait une question politique sous l’égide de la démocratie.
Et, il est bon de rappeler que l’étymologie du mot politique issue du grec politikos signifie : Qui concerne les citoyens.
A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles.
Ainsi, les défenseurs de la démocratie répondront que le gouvernement a disposé des mesures barrières dans tous les bureaux de vote et les savants de la veille répliqueront, que c’était ingérable d’un point de vue légal. A quel prix ? « Quoiqu’il en coûte » nous a exclamé le Président lors de son allocution du jeudi 12 mars. C’est le bon sens et l’humanité de tous qui sont capables de dépasser le cadre légal pour le bien de tous.
Le dimanche 15 mars, pendant que le milieu hospitalier et les institutions sanitaires nous alarmaient et demandaient de rester chez nous, la vie démocratique et des vies se dégradaient encore plus. Car la démocratie est intrinsèquement liée à ce que nous sommes.
L’honneur de la droite est là, devant elle, devant nous. Elle réside à reconnaître que les élections municipales ont été faussées, biaisées et qu’il est nécessaire de tout remettre à plat, parce qu’il est parfaitement absurde et turpide de légitimer des élus avec plus de 50% d’abstentions dû à la peur du Covid 19, rendant un contexte démocratique défaillant et donc non représentatif des populations. Posons-nous la bonne question : Le scrutin a-t-il été universel, égal et secret, comme le stipule l’article 3 de la Constitution de 1958 ? La notion de sincérité du scrutin est posée.
L’honneur de la droite consiste non pas à chercher à rassembler des petites chapelles parsemées ici et là, mais à rassembler tous les français autour d’un véritable projet politique, porteur d’une vision de la société.
L’honneur de la droite ne consiste pas seulement à re-fonder, re-bâtir ou re-construire sur un sol dont la nature est déjà argileuse. Les fondations passent par, le goût de la liberté, l’autorité de la République, et la fierté française. Une droite responsable qui s’assume.
L’honneur de la droite commence par redevenir crédible en joignant la parole aux actes, par la sincérité de la parole politique.
L’honneur de la droite se réalisera par des femmes et des hommes courageux, unies par le sens de l’intérêt national, motivés à remettre en place une verticalité républicaine rongée par l’égalitarisme, mobilisés à respecter les libertés publiques et individuelles, investis à la relance de l’économie fondée sur la liberté d’entreprise, appelés au maintien de l’ordre public et à la protection des frontières, décidés à lutter contre l’insécurité sous toutes ses formes, engagés au redressement de l’éducation nationale, attachés à lutter contre la pauvreté et toutes les violences, déterminés à réformer profondément notre pays, reconnus pour leurs sens de l’Etat et du bien commun.
L’honneur de la droite est d’enfin admettre qu’il est inutile de regarder derrière, qu’il ne s’agit plus de parler d’héritage, et que nous pouvons croire en une droite plus moderne en allant chercher des propositions hors de ses domaines de prédilections.
La droite n’est pas morte, elle demande à se renouveler en ne renonçant pas à ses convictions et à retrouver son honneur perdu par le cynisme et la résignation, parce que l’on peut préférer hier sans s’empêcher de choisir demain.
André Missonnier
A reblogué ceci sur La Droite au cœuret a ajouté:
Pour renouveler la droite, réinventer son terrain d’expression et faire Nation autour d’un projet audacieux.