De la relation entre la France et l’Afrique. Quelles perspectives ? Entretien avec Alain Tintorri, industriel.
De la relation entre la France et l’Afrique. Quelles perspectives ? Entretien avec Alain Tintorri, industriel.

De la relation entre la France et l’Afrique. Quelles perspectives ? Entretien avec Alain Tintorri, industriel.

Alain Tintorri est un industriel implanté en Afrique depuis plusieurs décennies. Il a porté de nombreux projets dans des secteurs variés. Sa vision des relations entre la France et l’Afrique est éclairante car elle émane d’une vision ancrée dans le réel. C’est-à-dire, d’une vision qui constate, depuis l’Afrique, le délitement de la présence Française en Afrique. Au travers de cet entretien, nous remettons en perspective les causes (historiques, politiques et économiques) de ce délitement pour finalement appréhender l’avenir de cette relation particulière.

L’image de la France semble se dégrader en Afrique. C’est ce qui ressort de l’enquête Africaleads qui interroge 2400 « leaders d’opinion » africains. Quelles sont les causes exogènes et endogènes de ce constat selon vous ? 

Effectivement les causes sont endogènes et exogènes. L’image de la France a commencé à se dégrader sous la Présidence de François MITTERRAND et tout particulièrement après le fameux discours de La Baule, en Juin 1990 où il a imposé la vision occidentale de la démocratie aux Pays Africains et notamment les ex-colonies françaises. Cette vision de la démocratie, développée par MITTERRAND n’était en fait qu’idéologique car ne reposant que sur le multipartisme. C’est le point de départ de la dégradation de l’image de la France et c’est pour moi la principale cause exogène. En effet, comment Mitterrand a t-il pu lier l’aide économique de la France à un accès au multipartisme à des pays qui n’avaient même pas 30 ans d’existence à l’époque ? Quand l’on sait, comme moi qui est arrivé en Afrique en 1972 et qui dispose même de la nationalité ivoirienne, que la plupart des peuples africains et tribus africaines notamment en Afrique de l’Ouest, ont un sens de la démocratie si élevé que cela frise avec l’anarchie, on ne peut comprendre l’intervention de MITTERRAND.

Enfin , d’un point de vue endogène , il est bon de noter que la plupart des chefs d’état des ex-colonies françaises sont tous restés très « gaullistes et gaulliens », même aujourd’hui au sein des nouvelles générations. Le style de Pouvoir mou, accentué sous François HOLLANDE et amplifié sous MACRON n’a fait que dégrader une image tout particulièrement ternie par les massacres perpétués au Rwanda, puis au début des années 2000 par des prises de position erronées dans certains Pays d’Afrique Occidentale francophone.  

Infographie issue d’un rapport de l’Institut Montaigne sur les relations entre la France et l’Afrique.

Le regard porté sur le potentiel de l’Afrique est souvent timoré. Certains chercheurs estiment que l’instabilité freine les affaires économiques. Pourtant, de nombreux projets de hautes technologies et dans des secteurs variés voient le jour. Des pays investissent en Afrique. Comment expliquer ce décalage entre la vision négative occidentale et la réalité ? 

C’est un faux prétexte ! Il n’y a qu’à observer en Guinée Conakry où les investissements chinois, russes et à un moindre degré australiens dans le secteur minier n’ont cessé de progresser au cours des dix dernières années. À partir des années 2000, en Côte d’Ivoire par exemple, les anciens Comptoirs Coloniaux comme BERNABE, PEYRISSAC, TECHNIBAT, CFAO ont commencé à se désengager en vendant leurs avoirs à des intérêts libanais et japonais…Pourquoi la fameuse « instabilité » ne fait pas peur à ces nouveaux intervenants qui ont bâti des fortunes colossales en moins de vingt ans dans toute l’Afrique de l’Ouest et du Centre ? Une Banque française bien connue est d’ailleurs très représentative cet état de fait : BNP PARIBAS qui est entrain de vendre toutes ces filiales en Afrique de l’Ouest afin de se recentrer sur…L’EUROPE. Comme si l’Europe pouvait encore représenter un axe de développement important…

La France a une histoire particulière avec l’Afrique. Peut-on espérer une nouvelle connexion adaptée à la situation actuelle fondée sur la confiance réciproque et la recherche d’intérêts communs ?

Exact, une Histoire liée depuis des siècles mais mise à mal par les différents pouvoirs socialistes en France. Seules et uniques solutions qui sont très simples à mettre en œuvre, à condition de le vouloir : 

  • Utiliser les français qui sont restés sur le terrain et qui sont rompus aux us et coutumes des pays d’Afrique.
  • Ne plus envoyer d’énarques et de hauts fonctionnaires en Afrique car ils détruisent tout.
  • Une Présidence, en France, de Droite forte et volontaire prête à investir dans des Projets permettant aux populations locales de trouver du travail sur place, de ne pas être tentée par une immigration clandestine et participer à la répartition correcte des richesses.
  • Favoriser la transformation sur place des immenses richesses disponibles en Afrique et ne pas financer des Projets basés uniquement sur l’Export pur et dur.
  • Oublier une éventuelle expansion économique de la France .

Enfin, selon vous quel est le plus grand défi pour la France en Afrique ? Est-il diplomatique, politique, économique ou les trois à la fois ? 

Les trois à la fois car ils sont liés. Sans un pouvoir fort et courageux en France, il n’y aura pas de négociations diplomatiques et économiques. Sans un Pouvoir courageux en France, s’appuyant sur les Français présents depuis longtemps en Afrique et qui n’ont pas fui les fameuses « instabilités politiques », il n’y aura pas de redéploiement d’une activité économique soutenue pour les entreprises françaises.

Quels sont les grands domaines qui selon vous seront porteurs en Afrique dans les prochaines années ?

  • AGRICULTURE PAR LA CREATION D’AGROPOLES.
  • MINES.
  • ENERGIES RENOUVELABLES ET NOTAMMENT LE SOLAIRE.

Propos recueillis par Guillaume Pot

L’Afrique en chiffres. Terre de croissance, l’Afrique est doté d’un réel potentiel que la France doit accompagner et respecter.

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