Droite d’hier pour demain
Droite d’hier pour demain

Droite d’hier pour demain

Il est coutume de faire remonter l’origine du clivage droite/gauche à la révolution française, cependant l’on peut toujours s’en étonner. En effet, que la situation a changé depuis ! Quel est le lien entre la droite de De Maistre ou de Mounier avec la droite d’aujourd’hui ? Et nul ne serait assez fou pour prétendre que sa pensée a émergé par magie en 1789 ! Structurée, sans doute, mais son origine est plus profonde et, de plus, permettra de répondre à notre question initiale.

Mais qui sont donc ces philosophes précurseurs ? En réalité : beaucoup trop, nous allons vous en présenter seulement deux, les plus importants, mais nous ne résistons pas à vous laisser le nom de quelques un ici : Jean Bodin, Robert Filmer ou Hugo Grotius. Mais ne nous égarons pas plus et concentrons-nous sur nos théoriciens fondateurs, Pascal et Hobbes.

Il peut a priori sembler incongru de mettre ces deux penseurs côte à côte. Qu’ont donc de semblable le chrétien mélancolique français et l’anglais matérialiste désabusé ? Il ne saurait pas plus y avoir d’antinomie entre les Pensées, reconstituées à titre posthume et ayant pour nom original « Apologie de la religion chrétienne » et le Léviathan, monstre biblique dévorant une à une les illusions pour ne laisser qu’un athéisme cynique ? La réponse est surprenante : la guerre civile. Pascal, et ce n’est une surprise pour personne, est conservateur mais d’un type particulier. Distinguons-en deux : un vulgaire et un rationnel. Le premier est pour lui-même, justifier l’ordre établi par l’ordre établi. Le second, ainsi commence-t -il par pourfendre le système monarchiste « Qu’y a-t-il de moins raisonnable que de choisir, pour gouverner un État, le premier fils d’une reine ? ». En effet « L’on ne choisit pas pour gouverner un bateau celui des voyageurs qui est de meilleure maison ». Il ne s’arrête pas là et applique son acerbe critique à l’ensemble des systèmes : voulez-vous le règne des raisonnables ? Préparez-vous à une nation où il n’y a pas un imbécile qui se présente parangon d’intelligence (toute ressemblance avec notre démocratie représentative est purement fortuite). Pourtant on ne trouve ici l’idée d’un mépris de la question politique.

Au contraire même s’il avoue son dépit qu’on ne puisse soumettre le gouvernement aux instruments subtiles de la raison et de la vérité, il ne doute pas qu’il soit possible pour l’individu de les développer.

Avant de dévoiler les conclusions de Pascal faisons un détour par Hobbes. La politique du Léviathan est caractérisée par son pragmatisme radical, la machine d’Homme duquel il est constitué n’a qu’une seule fonction : empêcher la guerre civile, plus grand des maux pour son homologue chrétien. D’où vient cette obsession de la guerre civile ? La réponse évidente, et par ailleurs très juste, est la suivante : les deux auteurs en ont vécus une et ont pu observer les horreurs d’un peuple qui se massacre, mais Hobbes en sa qualité d’horrible cynique aurait pu y prendre un malin plaisir, cependant il n’en est rien. Ce qui est donc particulièrement plus intéressant c’est que la justification n’est pas morale chez Hobbes, contrairement à Pascal, même s’il en fournit une solide, mais repose sur un principe qui risque de surprendre : la liberté. Comment la machine gigantesque et terrifiante du Léviathan peut-elle être un principe de liberté ? Pour cela il nous faut revenir à la distinction de Grotius entre liberté politique et liberté individuelle. Ou plus simplement à la sécurité et à la liberté. On fait souvent une fausse dichotomie entre les dernières, or il n’y a pas d’idée plus dangereuse et Hobbes le montre bien. Suis-je libre si je suis menacé sans cesse ? Comment puis-je jouir de ma propriété si l’on me la prend, comment disposer de moi, si des bandes me contraignent ? Le rôle de l’État hobbesien est d’assurer la liberté individuelle et la respecter au mépris de la liberté politique. Tel est aussi le sens du développement individuel pascalien, leurs conservatismes est avant tout une préservation de la liberté.

Par ailleurs, la liberté est aussi source de développement pour l’individu et la société, ce qui n’est pas possible en temps de guerre où « il n’y a de place pour aucune entreprise parce que le bénéfice est incertain, et, par conséquent, il n’y a pas d’agriculture, pas de navigation, […] pas de société. »

Évidemment, la pensée évolue et les principes de Pascal et Hobbes aussi important qu’ils soient peuvent être contredit. La monarchie n’a pas su empêcher la guerre civile et la foi dans l’état ne correspond pas à la réalité des faits, celui-ci débordant toujours de sa fonction de protection. C’est pourquoi contre Hobbes nous affirmons que la liberté politique avec un peuple éduqué est nécessaire pour lutter contre la tyrannie et préserver nos droits fondamentaux, la démocratie doit agir comme garde-fou du gouvernement. Cependant nous représentons, nous, la droite et ceux depuis 4 siècles, la liberté réelle dans son contexte.

Contre la Sainte Liberté imaginaire des totalitarismes de gauche, la leçon de Pascal et de Hobbes pour notre famille politique est double : la liberté individuelle doit être protégée à tout prix et la manière dont elle doit être protégée varie selon le contexte historique, social et politique.

La droite, d’hier, d’aujourd’hui et de demain, c’est la liberté de son époque.

Grégory Ritrovato.

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