Effritement de l’État et infantilisation
Effritement de l’État et infantilisation

Effritement de l’État et infantilisation

L’État a été créé par les Hommes dans le but de créer une autorité souveraine qui permette, à eux-mêmes, de vivre en société en préservant leurs libertés. Pour cela, les Hommes ont consenti à donner à une entité leur liberté “naturelle” afin qu’ils puissent vivre avec une liberté “protégée” qui est garantie par cette entité. C’est la thèse exposée par Thomas Hobbes au XVIIème siècle dans son ouvrage le Léviathan (1651). Toujours selon lui, les Hommes ont fait une telle concession pour ne plus être en danger : puisque, à l’état de nature, « Homo homini lupus est » (= « L’Homme est un loup pour l’Homme. »). Ils ont donc préféré concéder leur liberté propre en créant l’État pour pouvoir alors bénéficier de la protection de leur vie, pour ne pas mourir sous les coups d’un autre Homme.

L’État peut être défini comme une organisation politique souveraine qui réunit tous les individus qui s’y sentent concernés. Une organisation qui dispose alors d’une administration pour organiser la société et pouvoir servir ses intérêts ou les défendre.

Cet État, dans son sens moderne, n’est apparu, dans toute l’Europe, qu’au cours de la Révolution et de l’Empire. Car, après la chute de l’Empire romain, on a du mal à retrouver un État tel qu’il était théorisé. En effet, les sociétés germaniques, au début, n’étaient que très peu organisées : le roi, par le mundium, était l’autorité souveraine comme le père l’était sur la famille ; et la féodalité va totalement noyer cette conception.

Cependant, en France, la religion chrétienne et la stabilité de la dynastie capétienne vont permettre une consolidation du pouvoir royal et donc de l’État qui est incarné par la Couronne. Les régimes vont être déstabilisés mais la conception restera inchangée.

C’est alors que l’Empire napoléonien va diffuser un concept dans toute l’Europe, celui d’État-nation. L’État-nation, c’est la juxtaposition de l’État sur un cadre donné : la Nation, qui est le territoire où un ensemble d’individus vivent ensemble – “forment société” – puisqu’ils se considèrent liés et appartenant à un même ensemble de valeurs. Ce concept s’est construit progressivement sous la monarchie en France mais arrive à maturité au cours du XVIIIème siècle et sera alors diffusé partout en Europe par la Grande Armée.

Aujourd’hui, ce concept a été enterré. Au cours du XXème siècle, la Nation a subi de plein fouet l’émergence d’idéologies farfelues comme le marxisme, l’anarchisme ou le libertarisme ; leur but final était de faire disparaître les Nations. On peut dire qu’elles y sont parvenues d’une certaine façon puisque désormais le simple mot “Nation” – noble mot – est considéré comme un gros mot ; et la personne qui a osé le prononcer est considérée comme dangereuse.

Et que dire de l’État ? La France et son État n’ont plus de souveraineté. Plus d’autorité non plus puisque le sentiment d’appartenance des individus à cette organisation et cette communauté se dissout. La fracture se fait plus grande chaque jour.

Plus de Nation, plus d’État, donc plus d’État-nation…

Cette disparition de l’État se remarque. Sans souveraineté et en manque d’autorité, ce dernier est obligé de montrer qu’il lui reste de l’autorité, pour se rassurer. Mais il le fait pour n’importe quoi et surtout n’importe comment. Face aux gilets jaunes, par exemple, en réprimant instantanément, sans chercher à réellement entendre les revendications. Et surtout avec la crise sanitaire où l’on a remarqué la tendance à infantiliser les citoyens. Avec des prises de paroles moralisatrices, presque paternalistes. Mais aussi en jouant au jeu de la carotte et du bâton ; en donnant une “récompense” si les Français ont été gentils et obéissants ; en ne cessant de dire quoi faire à chaque instant, même pour des choses qui relèvent simplement du bon sens.

Quand la situation empirait, c’était à cause de ces vilains enfants que sont les Français, il fallait donc les punir à coup de restrictions ; passant outre les libertés de chacun au passage. Ce qui est assez comique quand on voit que le grand absent de cette crise était… l’État ! Que ce soit sur les masques, les tests, les mesures, il était toujours à la traîne. Mais bon, c’est plus simple de punir les restaurateurs, les cinémas ou bien les étudiants plutôt que d’avouer ses erreurs et de se montrer à la hauteur.

Quand ce ne sont pas des enfants, les Français sont des animaux à qui l’on doit « tirer la bride » – pour reprendre les mots du Premier ministre Jean Castex – s’ils ne respectent pas ce qu’on leur dit, tel un cheval capricieux…

Ainsi l’État n’est devenu qu’une caricature de lui-même. L’autorité légitime qu’il dispose est mal utilisée, ce qui le décrédibilise auprès des citoyens. Un État qui perd sa crédibilité, perd sa légitimité. Il ne reste alors plus que deux voies : la disparition de l’État ou l’apparition de l’autoritarisme. Bref, un désastre.

La droite, si elle parvient à revenir au pouvoir, devra relever ce défi qu’est celui de redresser l’État. Elle peut le faire car il est dans la tradition de notre famille politique de respecter et faire respecter l’autorité de l’État tout en préservant les libertés individuelles.

Mais il va falloir refonder l’État-nation disparu. Pour permettre de réparer les diverses fractures et unir de nouveau une communauté qui se sent profondément française, héritière de nos ancêtres qui ont bâti ce pays, avec une ambition commune : redonner à la France sa grandeur. L’unité est la seule solution pour sortir de l’impasse et affronter fièrement, et sans crainte les prochains obstacles, les prochaines difficultés, les prochaines crises. Il en va donc de l’avenir de la France.

Théo Dutrieu.

Un commentaire

  1. Mangeol

    Les Français sont des veaux (Charles de Gaulle). Quant à profiter d’une dissertation sur l’Etat pour enfoncer Macron, c’est tout à fait dérisoire. Qui aurait fait quoi, à sa place ? Le problème n’est pas Macron. C’est la disparition de l’intérêt général. Les Français sont effectivement devenus des enfants gâtés, je confirme. Pour penser la droite de demain, il me semble bien nécessaire de dépasser les vicissitudes du COVID.

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