Benoît Perrin est directeur opérationnel de l’Institut de formation politique.
Bonjour Benoît Perrin, l’Institut de formation politique (IFP) vise à former une jeunesse qui souhaite sortir des carcans idéologiques, quels sont donc les leviers de votre formation ?
Depuis sa création en 2004, l’IFP s’appuie sur deux piliers : une formation théorique solide, dispensée par des intellectuels de renom (Agnès Verdier-Molinié, Charlotte d’Ornellas, Mathieu Bock-Côté, Alexandre Del Valle, , Charles Gave ; Philippe de Villiers…) ; une formation opérationnelle efficace, assurée par les meilleurs praticiens dans leurs domaines respectifs (l’art oratoire, la maîtrise des réseaux sociaux, la levée de fonds, etc). Ces outils intellectuels et pratiques sont proposés sur trois niveaux successifs de séminaires.
Outre ces formations initiales à l’engagement, l’IFP porte également plusieurs écoles de professionnalisation :
- L’Ecole de l’Engagement Politique, qui prépare nos auditeurs au métier de collaborateur parlementaire ou à mener une campagne électorale réussie ;
- L’Ecole de l’Entreprenariat Civique, pour ceux de nos étudiants qui souhaitent lancer un projet (une association, un média, un laboratoire d’idées…) au service du Bien commun ;
- L’Institut Libre de Journalisme, qui a pour mission de former puis placer dans les médias des jeunes gens attachés au réel.
Tout cela est rendu possible grâce au soutien fidèle de 5 000 donateurs privés, sachant que nous avons fait le choix de ne pas accepter un seul centime d’argent public.
Avec l’émergence « d’influenceurs » de droite (youtubeurs, artistes…), la métapolitique a pris une place stratégique dans la politique française, une façon de faire revivre le patriotisme ?
Incontestablement. L’apparition dans les médias et sur internet d’influenceurs à rebours de la pensée dominante, et leur succès remarquable auprès d’une part croissante de la jeunesse française, constituent un vrai basculement dans le champ du combat culturel. Parmi la nouvelle génération qui frappe à la porte de l’IFP, nombreux sont les jeunes dont la conscience s’est éveillée à travers les productions de ces militants du web. Là où l’engagement politique « classique » (fondé sur les partis et les campagnes électorales) était autrefois omniprésent, nous constatons que nos auditeurs sont aujourd’hui de plus en plus portés à investir le terrain métapolitique : ils interviennent sur les plateaux de télévision pour décrypter l’actualité « autrement » que les experts habituels, ils rédigent des tribunes, lancent des médias et des groupes d’action, rédigent des ouvrages… Ils ont compris que la victoire politique passera nécessairement par une guerre culturelle sans merci.
Dans une société en constante mutation culturelle, de quelle manière peut se traduire l’engagement chez un jeune de droite ?
A notre époque, un jeune Français attaché à son pays peut choisir entre quatre voies principales :
- L’engagement politique au sens strict du terme : militer pour un candidat, un parti, ou se présenter soi-même au suffrage de ses compatriotes ;
- L’engagement dans les lycées et les universités, qui constituent les lieux privilégiés de la propagande de gauche – qu’elle passe par les professeurs ou par les « syndicats » professionnels du blocage ;
- L’engagement médiatique : investir les rédactions pour y promouvoir un journalisme connecté au réel, loin du prêt-à-penser idéologique qui règne encore dans des pans entiers de cette profession, en particulier dans ce qu’il est convenu d’appeler les « grands médias » ;
- L’engagement associatif : qu’il s’agisse de se rendre au secours des chrétiens d’Orient, de défendre le patrimoine français en péril ou encore d’agir pour une réduction du fardeau fiscal, les structures d’action ne manquent pas – parfois créées par nos jeunes eux-mêmes !
Pouvez-vous nous parler, des valeurs que vous prônez au sein de l’IFP ?
L’IFP n’est pas un laboratoire d’idées. C’est un lieu d’échange, de dialogue et de réseau (plus de 2 000 jeunes y ont suivi une formation). Nos formateurs, à des degrés différents naturellement, sont attachés à l’héritage culturel de la France : l’attachement à son identité, à sa culture et à la continuité de son peuple ; mais aussi à la défenses des libertés, en particulier les plus menacées d’entre elles : la liberté d’expression et les libertés économiques ; et enfin la primauté de la personne humaine, passant notamment par son inscription dans une famille – cadre naturel et social indispensable à son épanouissement.
De récentes études ont démontré que les jeunes se situaient davantage à droite sur l’échiquier politique, pensez-vous que l’IFP y participe ?
Je suis en tout cas convaincu que l’IFP contribue puissamment à consolider les convictions des jeunes qui souhaitent s’engager au service de notre pays. Logiquement, les préoccupations des jeunes épousent celles de leur époque : déclassement économique de notre pays, perte d’identité, relativisme moral sont autant de sujets sur lesquels nos étudiants s’engagent pour relever notre France. La question importante à nos yeux est de ne pas se tromper d’adversaire. Nous le répétons lors de nos formations : nous ne devons pas nous tromper d’adversaire. Malgré la diversité des engagements de nos étudiants, ils sont invités à considérer chaque participant comme un partenaire de combats à venir.
Parallèlement, la jeunesse ne prend plus la direction des urnes, comment lui redonner l’envie de voter ? Quel est votre regard sur le jeu politique actuel ? Emmanuel Macron a-t-il des chances d’être réélu ?
Je constate que l’opinion française a connu un basculement majeur ces dernières années sur les thèmes de l’autorité et de l’identité, et que cette tendance concerne la jeunesse au premier chef. Sans prétention spécifique à la prédiction électorale, je postule que ce mouvement culturel de fond finira forcément par se traduire dans le champ politique.
Votre vision de la droite de demain ?
Une droite prête à gagner grâce à la solidité de ses convictions, à la densité de ses réseaux et à la force de ses compétences opérationnelles. Une droite qui s’assume comme telle, sans se soucier de la fausse respectabilité décernée par des idéologues en faillite. Et une droite jeune, bien sûr !
Propos recueillis par Alexia Blick pour droite de demain.