(Entretien) Dominique Estrosi-Sassone, « J’aurais tendance à plagier Valérie Pécresse : « La droite est de retour ! »
(Entretien) Dominique Estrosi-Sassone, « J’aurais tendance à plagier Valérie Pécresse : « La droite est de retour ! »

(Entretien) Dominique Estrosi-Sassone, « J’aurais tendance à plagier Valérie Pécresse : « La droite est de retour ! »

Dominique Estrosi-Sassone est sénatrice des Alpes-Maritimes et conseillère politique de Valérie Pécresse pour la campagne présidentielle.           

Bonjour madame Estrosi-Sassone, Valérie Pécresse candidate à l’élection suprême, c’est la droite conquise par une femme. En sera-t-il bientôt de même pour la France ? 

Aujourd’hui, Valérie Pécresse a tous les atouts en main pour accéder à la fonction présidentielle et conquérir ainsi le cœur d’une grande partie des Français. Sa victoire s’est faite par étape. Elle est d’abord sortie vainqueur du Congrès, un exercice démocratique qui s’est très bien déroulé, dans un respect mutuel de la part des cinq candidats. Tout au long du congrès, elle a montré des qualités évidentes : une pugnacité à toute épreuve, un certain courage et une connaissance parfaite des dossiers. C’était très visible aux différents débats télévisés. Immédiatement après sa victoire, elle a réussi à créer une unité et un rassemblement derrière sa candidature. Ce rassemblement n’est pas de façade. Nous avons évité les erreurs commises en 2016, lorsque François Fillon est sorti gagnant mais isolé. Elle sait que ce rassemblement est la première marche pour gagner la présidentielle. Les autres concurrents ont immédiatement rallié Valérie Pécresse. A travers ses déplacements et ses prises de positions, on constate qu’elle a un programme très complet, juste et équilibré : un équilibre subtil entre fermeté, autorité de l’Etat – le régalien qui a été abandonné par Emmanuel Macron – et une volonté de prise en compte du pouvoir d’achat et de la valeur travail.  

C’est un sujet important pour les Français dans ce contexte d’augmentation des prix de l’énergie, des carburants et avec le retour de l’inflation. Elle veut créer un choc de pouvoir d’achat. Elle est une candidate s’inscrivant profondément dans un héritage de droite en voulant remettre à sa juste place la valeur du travail. De nombreux Français travaillent dur et n’arrivent pas à vivre de leur travail qui doit payer plus. La candidature Pécresse est de qualité car elle a également su s’entourer de personnes compétentes au premier rang desquelles les quatre mousquetaires candidats au congrès. La droite républicaine était enterrée par l’opinion qui la voyait également divisée. Désormais, elle est en course pour la victoire suprême.

On a vu Valérie Pécresse dire face à Jean-Jacques Bourdin que ce quinquennat serait intraitable avec les affaires de sexisme et d’agressions sexuelles, quelles sont les réformes qui permettront d’endiguer ces phénomènes ? 

Tout d’abord, je souhaite rendre hommage à son courage ! Ce n’est pas évident de faire une telle mise au point face à un animateur politique vedette avant même un débat qui va s’ouvrir avec les Françaises et les Français pendant plus de 2h30. Elle a montré sa détermination et, plus encore, son engagement depuis de nombreuses années en faveur de la défense des droits des femmes. Concernant ces sujets, je lui fais entièrement confiance pour mener ce combat, elle a d’ailleurs dans sa région pris des mesures fortes pour accompagner et protéger les femmes victimes de violences mais aussi pour faire respecter le principe de laïcité dans l’espace public et lutter contre l’intégrisme islamiste. 

Dans d’autres pays, des femmes politiques importantes ont pris les plus hautes responsabilités. En France, c’est plus compliqué. Pourquoi ? Valérie Pécresse peut-elle casser ce plafond de verre ?

Le monde politique a été pendant de très nombreuses décennies l’apanage des hommes qui occupaient l’essentiel des responsabilités politiques et électives. Il n’est donc pas facile d’inverser de tels fonctionnements. Il a fallu un certain nombre d’évolutions législatives pour permettre aux femmes de se lancer plus facilement dans la vie politique. Cela a permis aussi à la société de changer son regard sur la classe politique. Et de fait, les sondages le démontrent aujourd’hui, une majorité de Français se dit plutôt favorable à voir une femme accéder à la plus haute fonction politique dans notre pays. 

Il ne faut pas pour autant tomber dans l’excès inverse avec une forme de dégagisme envers les hommes car tous n’ont pas démérité bien au contraire. Avec cette élection présidentielle, il n’y a jamais eu autant de femmes candidates et parmi elles Valérie Pécresse qui est la seule capable de battre Emmanuel Macron au second tour. Certes le plafond de verre n’a pas complètement été percé mais que notre famille de la droite républicaine choisisse une femme comme candidate à la magistrature suprême est un formidable signal pour toutes les générations à venir.  

Vous êtes sénatrice des Alpes-Maritimes. Le Sénat est la seule chambre d’opposition à Emmanuel Macron. Quelles sont les défaillances de la présidence Macron ? 

Le Sénat n’est pas forcément une chambre d’opposition. Il y a il est vrai une majorité sénatoriale différente de celle de l’Assemblée nationale et de l’exécutif. Depuis 2017, le Sénat, dans les mots de son président Gérard Larcher, n’est « jamais dans l’opposition systématique, ni dans l’adhésion automatique », une phrase qui résume à merveille notre fonction de sénateur et notre manière de travailler. Nous ne renions pas nos convictions de droite et du centre. Nous abordons les dossiers dans une démarche constructive. Quand un texte de loi est examiné par notre chambre, notre objectif est de l’enrichir à travers nos amendements, à travers des marqueurs forts issus de nos valeurs et nous ne nous interdisons nullement de voter contre un texte qui n’est pas à la hauteur ou qui nous semble contraire à l’intérêt général.  

Dans le cadre de la mandature d’Emmanuel Macron qui s’achève, nous n’étions pas d’accord sur de nombreux textes, notamment sur la sécurité et la justice. Sur ces textes concernant le régalien, l’Etat n’a pas été au rendez-vous, la délinquance et l’insécurité ont explosé. C’est la raison pour laquelle nous avons corrigé un certain nombre de projets de lois car nous les considérions par trop laxistes pour permettre la restauration de l’autorité de l’Etat. Un autre point important : Emmanuel Macron a totalement échoué au niveau d’une véritable politique des territoires, notamment sur les sujets de décentralisation. Les élus attendaient beaucoup d’un nouveau texte. Pour sauver la face, le Gouvernement a présenté in extremis en fin de mandature le projet de loi 3DS examiné par le Sénat en juillet et par l’Assemblée Nationale en décembre 2021. Nous avons abouti à une CMP conclusive qui a consacré un nombre d’avancées obtenues par le Sénat en particulier pour consolider la différenciation par un partage plus souple des compétences, renforcer l’Etat déconcentré au niveau départemental et réformer la loi SRU pour une plus grande adéquation avec les réalités des territoires. Dès la prochaine mandature, il y aura urgence à proposer une nouvelle loi de décentralisation et une nouvelle organisation territoriale. Pendant son quinquennat, Emmanuel Macron ne s’est principalement adressé qu’à la France des métropoles qui va bien laissant de côté la France des territoires en difficultés qui souffre. Valérie Pécresse saura mettre de la concorde là où Emmanuel Macron a semé la discorde. 

Comment trouver un équilibre entre décentralisation et baisse du nombre de fonctionnaires ? 

Les deux objectifs ne sont pas antinomiques. Des efforts doivent être faits dans la baisse des dépenses publiques. Outre la diminution du nombre de fonctionnaires, Valérie Pécresse propose de baisser la charge d’impôts. Elle souhaite un « choc des transmissions » pour 95 % des Français qui pourront transmettre leur patrimoine déjà hyper-taxé, une transmission jusqu’à 200 000 € sans qu’il y ait de franchises fiscales. Cela ne l’empêchera pas de réduire le nombre de fonctionnaires dans une volonté de simplification : beaucoup d’agences et d’organismes existent et font souvent le même travail que les services de l’Etat. Des énormes économies sont possibles si l’on simplifie le millefeuille administratif. Bien évidemment, dans des domaines comme la justice, la police ou la santé, le nombre de fonctionnaires doit augmenter. Cette politique de simplification doit s’accompagner d’une réduction des normes qui pèsent sur notre capacité d’agir. 

Vous avez soutenu Xavier Bertrand lors du Congrès. Quelles seront ses mesures à conserver ? En quoi sa vision est-elle importante ? 

Xavier Bertrand peut apporter énormément à notre candidate. Sa plus-value se situe sur son expérience et sa gestion de la région des Hauts-de-France qui concentre beaucoup de difficultés tant au niveau de la désindustrialisation, de la fracture sociale et territoriale que de la désertification. Il incarne par sa culture, par son ancrage territorial, par sa personnalité et par son expérience, la diversité de nos territoires. Il s’adresse aux classes populaires et moyennes que notre famille politique doit reconquérir à travers la valeur travail pour leur redonner de la dignité chère au cœur de Valérie Pécresse. Il porte enfin ce beau projet de République des territoires que Valérie Pécresse veut faire sien. 

Quelle droite pour 2022 ? 

J’aurais tendance à plagier Valérie Pécresse : « La droite est de retour ! ». On lisait de nombreux papiers nous disqualifiant d’office pour la victoire finale et laissant penser que nous étions dans la même situation que la gauche. Avec humilité et en responsabilité en nous appuyant sur nos élus locaux et en remportant de beaux succès aux élections intermédiaires : municipales, départementales, régionales. C’est autour d’eux et avec eux que nous avons continué de tisser des liens de confiance avec les Français. La solution démocratique mise en place par Christian Jacob a été une réussite. Nous sommes un parti de gouvernement qui n’a plus exercé de responsabilité nationale depuis 2012 et aujourd’hui, il nous faut rassembler les Français face aux extrêmes et à l’immobilisme d’Emmanuel Macron pour remettre la France debout. La victoire de Valérie Pécresse nous permettra de retrouver la concorde entre nos concitoyens en restaurant l’autorité de l’Etat, en libérant nos entreprises, nos territoires et en permettant à notre pays de retrouver sa souveraineté.  

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