(Entretien) Gilles Platret, (LR), « L’immigration incontrôlée nourrit  la délinquance »
(Entretien) Gilles Platret, (LR), « L’immigration incontrôlée nourrit la délinquance »

(Entretien) Gilles Platret, (LR), « L’immigration incontrôlée nourrit la délinquance »

Photo ER /Franck LALLEMAND

Gilles Platret est Maire de Chalon-sur-Saône depuis 2014, auteur et Vice-président du parti Les Républicains.

Bonjour monsieur le Maire, d’un point de vue général, l’insécurité semble devenir un enjeu important pour les Français, quelles sont les raisons de cette montée inquiétante de l’insécurité dans notre pays ?

Je pense que les raisons sont multiples car le phénomène lui-même est complexe. Il y a des raisons de fond – qui remontent à très loin – et d’autres liées à l’actualité et aux évolutions sociétales. Le phénomène principal qui explique la montée de l’insécurité c’est la société qui se fracture.

C’est certain que dans un contexte que certain nomme « archipélisation de la société », de lutte et de fragmentation de la société, l’Ordre républicain a tendance à moins être respecté. Le fait que des communautés contestent l’Autorité républicaine dans les quartiers – sous fond de trafic de drogue – est symptomatique. Je n’entends pas assez dans les médias et débats quelle importance le trafic de drogue a dans la montée de l’insécurité ? Pourtant, c’est un phénomène qui concerne toute la France – pas seulement les quartiers chauds – et à travers cette économie souterraine, se mettent en place des stratégies de domination territoriale. Les dealers créent cette insécurité pour que les honnêtes gens quittent le quartier et finalement avoir un espace de trafic non perturbé. C’est l’un des maux de notre pays.

Un autre phénomène qui remonte à plus loin : la crise d’Autorité de l’Etat. On dit souvent que c’est mai 68, c’est peut-être plus récent ; il est évident cependant qu’aujourd’hui des adolescents ne craignent plus du tout la présence de la police et essayent même de les provoquer voire de s’en prendre à elle. C’est un vrai problème moral – une notion trop souvent galvaudée – qui est pourtant la simple définition de la dichotomie entre le bien et le mal. A partir du moment où une partie de cette génération considère que c’est valorisant d’attaquer notre police alors il y a un renversement moral. Il faut le dire et je n’ai pas peur d’assumer ce mot car il reflète la réalité du terrain. Ce sont des phénomènes qui ont été encouragés par une faiblesse de l’Etat. Une faiblesse qui ne s’accentue en ne faisant pas assez respecter les règles dans les quartiers. Le fait de ne pas assumer sa responsabilité régalienne de protection des citoyens est un encouragement indiscutable à la violence.  

A l’échelle de la ville de Chalon-sur-Saône, on a doté la police municipale des moyens pour agir. Elle est armée, elle a les équipements : on l’a doté d’un système de vidéoprotections et on a augmenté les effectifs. C’est efficace et l’on a constaté un phénomène lié à cette politique : le fait d’avoir mis la pression sur le centre de Chalon ça a déplacé le problème sur la première couronne car les délinquants ont tendance à le faire quand ils ne sont pas sous une caméra. Mes collègues l’ont compris et s’équipent en conséquence. Concrètement, quand on s’en donne les moyens et qu’on a une vraie volonté politique – sans exclure tous les problèmes – on a des résultats. On constate une baisse significative des faits de violence sur notre commune.

La crise de l’autorité est cyclique. Pour autant, la société pour subsister a besoin d’ordre. Il y a une défaillance à ce niveau de la part de l’Etat et notre ministre de l’Intérieur est trop préoccupé par communiquer, ce qui ne change pas la situation. Il manque cette volonté politique. J’ajouterai – même si je suis prudent – que la montée de la précarité risque d’aggraver la situation. Je ne dis pas que l’on devient voleur quand on tombe dans la pauvreté mais quand il y a des tensions sur les revenues, l’insécurité accroit.

Si l’Etat ne contre-cart pas ces tendances de fond alors il ne joue pas son rôle. Quand vous n’êtes pas assez sévère avec la délinquance, alors vous encouragez ces délinquants à récidiver.

Quel est votre avis sur le projet de loi de lutte contre les séparatismes défendu par le gouvernement ?

Je travaille justement sur ces sujets pour l’Association des maires de France car François Baroin a demandé à réactiver le groupe de travail « Laïcité » qui existe depuis 2015. On peut considérer qu’il y a quelques avancées dans ce texte présenté par le gouvernement.

D’abord, il y a une plus grande protection assurée aux fonctionnaires et aux élus quand ils sont menacés par des visées séparatistes dans la réalisation de leurs mandats et missions de service public. Je pense souvent à nos hôtesses d’accueil, dans les collectivités, qui sont souvent confrontées aux revendications – parfois très violentes – d’individus qui ne veulent par exemple pas parler à une femme. Là, on propose un durcissement des sanctions aux individus qui commettraient ce genre d’intimidation. Une autre mesure intéressante, c’est l’article 1 qui étend la notion de neutralité y compris aux délégataires de services publics. En gros, un agent doit respecter le devoir de neutralité, n’avoir aucun signe ostentatoire. Cette obligation n’était pas imposée aux délégataires de services publics ; c’est le cas des sociétés de transport. On a en tête les affaires où les chauffeurs ne voulaient pas laisser entrer les femmes dans leur bus, ne les saluaient pas ou ne prenaient pas le volant car une femme avait conduit avant. Le fait que le préfet puisse considérer qu’une décision prise par une collectivité va à l’encontre du principe d’égalité des citoyens, du respect des principes républicains, il peut en déférer au juge pour la faire sanctionner, cela me paraît aussi une bonne chose. En clair, si un maire souhaite draguer un certain électorat en mettant en place des horaires différenciés à la piscine pour accueillir des femmes, le préfet pourra demander au juge de casser la décision. Je l’ai dit au nom de l’AMF devant la commission ad hoc de l’Assemblée nationale et aussi au ministère de l’Intérieur que ces mesures sont des avancées.

Cependant, si l’on veut s’élever, il persiste des éléments dérangeants. Je m’inquiète que l’Etat croit naïvement qu’il pourrait lui-même organiser le culte musulman. Or, la tradition française est de refuser l’organisation de toute religion par notre Etat. A aucun moment il n’interfère dans l’organisation du culte, il doit simplement empêcher le culte de mordre sur la sphère publique. Il faut une séparation stricte entre le religieux – qui est une affaire de conscience – et le public. Lorsque l’on décide d’organiser un culte, on peut arriver à une dérive. Dans cette loi, on souhaite donner des certifications pour les imams respectant les principes républicains. Or, c’est déjà donner une délégation à ce Conseil des imams pour qu’il fasse le boulot. Je pense que c’est une erreur car ça donne beaucoup d’importance à une religion plutôt qu’à une autre. Surtout, dans les signataires de ce document – seulement les immams turcs ont refusé de signer – on retrouve l’association des Musulmans de France – ancienne Union des Organisations Islamiques de France – dont on sait qu’elle est le bras armé des Frères Musulmans. Je rappelle que certains pays ont classé cette confrérie comme organisation terroriste. Pourtant, elle a pignon sur rue chez nous et a pu signer tranquillement ce document ; c’est tout bonnement scandaleux car ce sont des islamistes qui ont un projet théocratique d’imposer la charia sur notre territoire. Contrairement aux islamistes qui eux mènent le combat dans la rue en se montrant, les Frères Musulmans luttent avec la taqîya (doctrine de la dissimulation). Ils ont signé ce document qui va à l’encontre de leurs idées pour gagner notre confiance et agir dans l’ombre. C’est donc la certitude que ce projet de loi ne suffira pas.

Le mouvement séparatiste islamiste se moque totalement de ce projet de loi. Il continuera à avancer dans l’ombre si l’on ne met pas la pression où il le faut. Le texte est utile pour nos collectivités mais complètement insuffisant pour stopper un mouvement de sens. D’un avis personnel, je pense qu’il faut déclarer la guerre à l’islamisme. Cela passe par interdire le fait d’être salafiste ou Frère Musulman en France comme on interdit le fait d’être nazi. Ça on le tolère et c’est impensable. Ce n’est pas une attaque faite aux musulmans, au contraire, nous les sortirions de la pression causée par ces confréries. Il faut se doter des moyens juridiques d’une véritable guerre : une justice adaptée pour juger les dérives séparatistes, un arrêt d’une certaine immigration qui alimente ces mouvements séparatistes… Gérald Darmanin a fait beaucoup de communication au début pour dire qu’il fermerait les associations communautaristes, depuis, plus rien. Dans le silence de nos quartiers le phénomène s’accentue.

D’un point de vue juridique justement, la France est-elle armée juridiquement pour combattre ces tendances de fond ou est-ce un manque d’application des peines ?

Actuellement, je prône un changement de dimension. Le phénomène de séparatisme islamiste a tellement une emprise sur notre territoire, qu’une simple application, même rigide des peines, n’aura pas assez d’impact. Typiquement, la loi ne permet pas d’interdire ni le salafisme ni le frèrisme. Hélas, il y a des cours supérieurs dans notre pays qui ont tendance à montrer des signes de faiblesse face à ces phénomènes. Des jurisprudences au Conseil d’Etat ou au Conseil Constitutionnel – au nom de principes bien politiquement correct – empêchent d’aller jusque-là. Si une loi arrive au parlement pour interdire le salafisme, le Conseil Constitutionnel la censurerait car il va considérer que c’est une atteinte à la liberté d’expression. Seule une loi référendaire, soumise au vote des Français, qui aurait alors une valeur supérieure et ne serait donc pas anticonstitutionnelle, permettrait de passer à cette échelle-là. J’en sais quelque chose, avec l’affaire des cantines scolaires dans ma commune [Gilles Platret s’est opposé aux repas de substitution], nous sommes allés jusqu’au bout de notre vision de la laïcité ; le constat c’est qu’il faut être armé juridiquement.

En tant que Maire, quelles mesures avez-vous mis en place pour garantir la sécurité dans votre ville ?

La sécurité pour être efficace doit répondre à trois défis.

Il faut une volonté politique. La violence ne trompe personne, si vous ne faites que de la communication vous verrez vite le résultat. Nous avons cette volonté depuis 2014.

La deuxième, ce sont les moyens. Nous avons mis les moyens avec de la vidéoprotection, l’armement de la police municipale, un véhicule de police qui circule dans les quartiers, une augmentation de 27 à 47 policiers municipaux dans notre commune, la mise en place d’une brigade canine. Alors, certes c’est un effort financier mais il est nécessaire. Ma vision c’est qu’il faut iloter : avoir beaucoup d’effectif qui font des rondes régulières dans les quartiers, c’est un peu le système de la police de proximité. Nous l’oublions un peu trop souvent mais la police c’est avant tout de la prévention et ils ont besoin pour cela d’être sur le terrain.

Le troisième défis est de créer un réseau de sécurité. Quand nous avons été élus, on a doté notre police de moyens mais surtout on a mis en place le contrat local de sécurité et de prévention de la délinquance, qui réunit à la fois la police municipale, nationale, la justice, la gendarmerie mais aussi les organismes sociaux et pénitenciers ; ça nous a permis de coordonner nos actions. Typiquement, je vous donne deux exemples : quand ça chauffe dans un quartier, qu’un groupe de délinquants fait sentir sa présence (insulte, feu de poubelle, violence), alors on crée un GLTD (Groupe local de traitement de la délinquance) qui a la demande du maire et présidé par le procureur va réunir autour de la table les bailleurs sociaux, l’entreprise délégataire des transports, les polices nationales et municipales, pour fixer des objectifs et les remplir. Ce système fonctionne très bien. On a réglé beaucoup de problèmes grâce à cette concertation. Deuxième exemple, on a créé dans la ville de Chalon un nouveau service public dénommé « Réseau de lutte contre les violences intrafamiliales » – sujet important avec le confinement – dans lequel on a 30 partenaires, ça nous permet d’avoir un numéro d’urgence présent 24h/24 et 7 jours sur 7, composé de personnes qui aident les victimes pour aller au commissariat. A son arrivée dans le commissariat, la victime est accueillie par un agent de la ville de Chalon. Notre agent la prend alors en charge dans toutes ses démarches et l’aiguille vers nos 30 partenaires. En matière de sécurité, il faut réfléchir comme une chaîne de sécurité. Grâce à la volonté, aux moyens et à la coordination, on a réussi à faire baisser la délinquance à Chalon. Nous n’avons pas gagné à 100 % ce combat, mais pour autant, nous avons des résultats. Je fais ici l’éloge de la volonté.

Quelles sont les propositions de votre parti afin de garantir l’ordre républicain ?

Effectivement, nous avons travaillé sur ces questions. Nous avons mené une convention « Sécurité publique et Autorité de l’Etat » car pour nous, ces deux notions s’entremêlent : il n’y a pas de sécurité publique sans autorité étatique. Nous voudrions remettre en place les peines planchées – mise en place sous Nicolas Sarkozy, depuis supprimées. On souhaite aussi construire de nouvelles places de prison – a contrario avec les deux derniers quinquennats. Au nom de la surpopulation carcérale, Nicole Belloubet a relâché des milliers de condamnés au début de la crise sanitaire. Bien-sûr qu’il existe des alternatives à l’incarcération, mais actuellement, il nous manque terriblement de places dans nos prisons. Nous tablons donc sur 20 000 places de prison supplémentaires. La privation de liberté est une manière de protéger la société. On estime aujourd’hui que si la question des effectifs est importante dans la police nationale, il est aussi important de leur donner des moyens. Les matériels sont obsolètes : véhicules anciens, commissariat insalubre… Lors d’une attaque au mortier à Champigny par des délinquants au mortier, le commissariat a tenu car le sasse avait été rénové par l’initiative de la Présidente de région Valérie Pécresse, sinon il aurait brûlé. Donnons les moyens à notre police. Il faut aussi lutter contre le terrorisme, il nous semble que les services de renseignement doivent encore être étoffés. On considère aussi que l’immigration incontrôlée nourrie la délinquance ; il faut arrêter l’hypocrisie. Nous souhaitons la mise en place de quotas migratoires mais également de réviser la notion de regroupement familial – étendue par Emmanuel Macron.

Votre vision de la droite de demain ?

La Droite a apporté l’amour de la France. Nous devons nous battre pour l’amour de notre pays afin qu’il rayonne de nouveau dans le Monde. Elle ne le pourra que si elle met fin aux dangers internes comme le séparatisme ou l’immigration. Je ne dis pas que la gauche n’aime pas la France, mais notre famille politique est beaucoup plus attachée à la question du patriotisme ; c’est en cela que la Droite est révolutionnaire car le concept de patriotisme est trop souvent délaissé et galvaudé. C’est la condition de mon entrée en politique : j’aime mon pays et gamin j’allais à toutes les cérémonies de mon village. L’amour de la France se cultive et s’apprend, notamment à l’école et nous devons le porter. Prouvons-leur que ce n’est pas un projet ringard. Je souffre de voir mon pays dans cet état alors qu’il a connu tellement de périodes glorieuses. Si l’on arrive à partager cet amour, qu’on se retrousse les manches pour régler les problèmes de société et que c’est fait avec de l’enthousiasme, alors, notre projet montrera la force du patriotisme.

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