(Entretien) Gilles-William Goldnadel, « Le peuple abandonne la gauche quand il ne la moque pas »
(Entretien) Gilles-William Goldnadel, « Le peuple abandonne la gauche quand il ne la moque pas »

(Entretien) Gilles-William Goldnadel, « Le peuple abandonne la gauche quand il ne la moque pas »

Gilles-William Goldnadel est avocat et l’auteur de Manuel de résistance au fascisme d’extrême gauche.

Bonjour maître Goldnadel, vous publiez un manuel de résistance à l’extrême-gauche, quelle est l’ambition de cet essai ? 

Comme son nom l’indique, c’est un ouvrage de résistance ! Je considère que nous vivons depuis presque cinquante ans dans un monde qui a très largement décérébré les esprits, chaque mot est pesé. L’extrême gauche en majesté médiatique a imposé ses thématiques, des mots dans le cadre d’une manipulation, ce qui a transformé une partie de la population française de manière radicale : des Français à force d’avoir été maltraité et culpabilisé, désinformés et manipulés ont désormais honte d’être Français voire la honte d’être blancs ! C’est dans ce cadre de résistance que je pointe l’immense responsabilité de l’extrême gauche et plus particulièrement celle de l’extrême gauche médiatique ; j’utilise par ailleurs les mêmes armes qu’elle a utilisé face à ses adversaires. Une des armes les plus efficaces étant la fascisation de l’adversaire. J’ai fait la concession d’utiliser à des fins politiques ce procès en fascisme que j’ai tant répugné et dans un sens historique, mon sous-titre « les fachos ont changé de côté » c’est discutable car le fascisme est influencé par la gauche notamment par le socialisme dont Mussolini a été membre. Or, si l’on regarde la définition galvaudée de ce qu’est le fascisme : c’est le racisme, c’est l’utilisation de la violence dans la rue, l’intolérance et la censure. Force est de constater que c’est l’extrême gauche qui utilise désormais ces quatre leviers. 

A travers le terme « fascisme » vous vous placez sur une bataille culturelle, plutôt Gramsci que Arendt et son totalitarisme. Par quels leviers agis cette extrême gauche ? 

Ce sont des leviers tout à fait classiques. Quand on a diabolisé l’adversaire ad nauseam, quand vous l’avez nazifié dans le cadre d’un « antinazisme devenu fou » issu de la banalisation de la Shoah à des fins idéologiques et politiques, lorsque même le simple fait de rencontrer des gens diabolisés revient à être soi-même considéré comme fasciste, alors il faut comprendre quel contexte nous avons vécu depuis cinquante ans. Les choses ont évolué sous le coup de boutoir de la réalité. L’observateur constate de lui-même qui sont les fascistes, qui sont les intolérants, l’utilisation du racisme anti blanc désormais reconnu alors qu’avant il suffisait de l’évoquer pour être fascisé. La fascisation allait très loin, la moindre critique de l’extrême gauche donnait lieu à des procès de Moscou en extrême droite. Dans ce cadre de ce combat culturel, à mon avis, un background culturel et idéologique sérieux, je souhaite que la honte change de camp. 

Comment expliquer que la droite ait eu si peur de cette diabolisation ? 

La droite française ne se caractérise ni par son intelligence, ni par son courage, ni par son goût pour le combat culturel ; elle n’est définitivement pas gramsciste. Si elle l’était, elle aurait compris que la bataille culturelle est mère de toutes les batailles, le plus prosaïque qu’il soit. Le fait d’avoir accepté sans mot dire la gauchisation d’un service public abstreint par son cahier des charges et à son objectivité, et qui nous ponctionne par sa redevance, montre qu’elle n’a pas voulu mener le combat. Même pour la notion d’union des droites, il est complètement incompréhensible que la droite accepte cet état de fait qui fait que l’union des gauches est espérée voire sacrée alors que celle des droites est diabolisée. C’est un président du Sénat qui sanctionne les élus qui déjeunent avec Marion Maréchal mis en perspective avec le fait qu’il n’y a pas eu de procès du communisme en France, vous pouvez être communiste, avoir un journal, l’Humanité et qui arbore des emblèmes qui devraient être aussi maudits que ceux du nazisme et ça ne pose aucun problème moral. Dans un monde normal, je n’aurais pas eu besoin de recourir à cet épouvantail fasciste, il suffirait de traiter les gens de communistes pour les décrédibiliser. Or, cette notion malgré son histoire sanglante de cette idéologie totalitaire ne permet pas d’être discrédité. A droite, je constate que dans un combat fratricide entre Marine Le Pen et Eric Zemmour, ils en viennent à s’invectiver. Marine Le Pen en est à utiliser des armes de l’extrême gauche en traitant les proches de Zemmour de nazis alors même que l’intérêt supérieur du pays, voire d’eux-mêmes, serait de faire la guerre à l’extrême gauche. Je ne vois pas de combat culturel, y compris d’Eric Zemmour, mené contre l’extrême gauche. Quand il est en face de Jean-Luc Mélenchon qui le traite de raciste, il n’a pas la présence de lui répliquer que le « grand remplacement » existe au moins dans le 93 où les musulmans ont remplacé les juifs avec la collaboration des islamo-gauchistes. Cette situation est symptomatique, même des personnalités influentes et loin d’être peureuses médiatiquement ne combattent pas pied à pied l’ennemi principal qu’est l’extrême gauche. C’est à cause de celle-ci que nous sommes dans une telle situation migratoire, que 40 millions d’immigrés sont entrés sur le sol européen cette année, de la faute des organisations humanitaires d’extrême gauche, des Soros, de l’extrême gauche médiatique, que la bataille de l’immigration est largement perdue. Voila pourquoi je m’inscris dans ce combat moral directement visé sur l’extrême gauche car je sais que sans ce combat-là, point de sel ! 

Des termes tels qu’Islamo-gauchiste s’est imposé dans l’opinion, n’est-ce pas une preuve de réussite dans ce combat culturel ? 

Les choses sont bien faciles qu’il y a dix ans c’est certain. Si j’avais écrit un tel livre dix ans auparavant, les enfants m’auraient jeté des pierres dans la rue… Aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’avec mes essais je sente le souffre. Les choses ont évolué à la fois dans le cadre de cette bataille culturelle mais également par le fait que la réalité est bien plus puissante que l’idéologie. Entre la réalité cruelle de l’immigration, celle de l’insécurité, celle du terrorisme ou celle de l’antisémitisme islamique, il est bien plus facile de se battre et d’utiliser le terme d’islamogauchisme raillé quelques années en arrière. Nous avons largement gagné la bataille des idées. Cependant, nous sommes encore loin d’avoir remporté celle de l’émotion. La Gauche, en raison de son pouvoir médiatique et de sa faculté sans vergogne et dépourvue de pudeur, à coup d’occultation de faits qui la dérange et de focalisation sur des faits qui lui sont favorables, gagne encore cette bataille de l’émotion. Mon livre s’inscrit dans cette volonté de décoder la stratégie de cette gauche afin qu’elle ne remporte pas cette bataille. L’émotion est bien supérieure à l’idée. Par exemple, l’affaire Georges Floyd a secoué les Etats-Unis, mais dans le même temps l’assassinat de 10 personnes blanches par un Syrien dans le Colorado n’a fait aucun bruit ; ces morts ne correspondaient pas au schéma médiatique. Sans victoire dans la bataille de l’émotion, il n’y a pas de salut. 

Léa Salamé évoqué récemment un paradoxe à Eric Zemmour, dont on peut vous faire le reproche, les idées que vous défendez sont considérées comme subversives selon-vous, alors que la plupart des Français sont plutôt de votre avis…

Léa Salamé va un peu vite en besogne. Aujourd’hui encore, en raison de la force du pouvoir médiatique de gauche, à commencer par le service public dans lequel elle officie, ils sont encore capables de diaboliser les gens. Elle a en partie raison sur le fait que la bataille des idées a été gagnée par la droite. Ils ne sont plus capables d’enfermer dans des ghettos de honte les gens qui traitent des sujets hier sulfureux. Il leur reste encore la manipulation par les mots. Dans les journaux, Zemmour et Le Pen sont localisés par l’extrême droite alors que Jean-Luc Mélenchon ou Fabien Roussel sont catégorisés de gauche – à la limite de « gauche radicale » ou situés à « la gauche de la gauche ». De la même manière, sur le plan du champ lexical, il y a des « droitiers » mais il n’existe pas de « gauchers ». De même que l’utilisation du terme « fachosphère » est banalisée et celles de « gauchosphère » ou « islamosphère » n’existent pas. Ce n’est pas un oubli mais de la manipulation par les mots. 

N’y-a-t-il pas un côté mauvais perdant de cette extrême gauche ? 

La gauche comprend qu’elle a perdu son magistère intellectuel, qu’elle a perdu son magistère moral. Elle réalise qu’il est moins sexy qu’avant de se dire de gauche dans les dinés en ville. Un jeune garçon qui souhaite plaire intellectuellement à une fille ne devrait pas se considérer de gauche. Ils en sont conscients et en deviennent que plus mauvais. Leurs seules armes sont la possibilité de censurer ou de poursuivre en justice leurs opposants. Il leur reste cette possibilité comme le personnel judiciaire ressemble peu ou proue à celui du journalisme. Ils peuvent ainsi tenter de décrédibiliser par une condamnation judiciaire en racisme par exemple. Cette fuite en avant est assez désespérée car ils sont ridicules ; on moque énormément la gauche politique. Le peuple abandonne la gauche quand il ne la moque pas. 

Propos recueillis par Paul Gallard pour droite de demain.

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