(Entretien) Laurence Arribagé (LR), « Je ne crois pas que le féminisme doive être un combat contre les hommes »
(Entretien) Laurence Arribagé (LR), « Je ne crois pas que le féminisme doive être un combat contre les hommes »

(Entretien) Laurence Arribagé (LR), « Je ne crois pas que le féminisme doive être un combat contre les hommes »

Laurence Arribagé est adjointe au Maire de Toulouse, Présidente de la Fédération Les Républicains de Haute-Garonne et ancienne députée de Haute-Garonne.

Bonjour madame Arribagé, est-ce que le spectre politique exige de franchir de nouveaux caps dans la féminisation de la vie politique ?

Le 29 avril 1945, les femmes votaient pour la première fois en France pour les élections municipales. Les premières femmes ministres, et elles étaient peu nombreuses, c’était sous la présidence du Front Populaire ! Mais c’était la première étape de la mixité en politique.

 Évidemment les choses ont évolué et la place des femmes est désormais plus importante sur la scène politique.

Mais il faut aller encore plus loin, que les mentalités évoluent encore. Certes, la part des femmes en politique s’est accrue. À l’Assemblée Nationale par exemple il y’avait 10% de femmes députées en 1997, elles sont aujourd’hui 39%. C’est une évolution importante mais elle était nécessaire. Mais force est de constater qu’il reste, comme vous le soulignez dans votre question, de nouveaux caps à franchir. Il y a encore beaucoup trop d’obstacles pour les femmes désireuses de s’investir en politique parce que ce monde reste encore aujourd’hui trop marqué par un sexisme ambiant. 

Les femmes doivent en 2020 être partie prenante du paysage politique. Dans un futur proche il faudra que l’on voit encore plus de femmes dans les grands ministères, ou à la tête d’exécutifs locaux. Idem au sein des formations politiques où elles ont trop longtemps été cantonnées à des postes sans enjeux.

Qu’est-ce qui différencie la femme politique d’aujourd’hui de celle d’hier ?

Je ne pense pas que la différence soit la femme politique en tant que telle, c’est avant tout les mentalités qui ont changé. Aujourd’hui, plus personne n’est surpris de voir une femme sur une affiche électorale ou dans un débat. Si dans l’imaginaire collectif on est capable d’imaginer une femme Présidente de la République ou à n’importe quel poste à responsabilité alors cela signifiera que l’on a fait un grand pas en avant. La place de la femme en politique change. Lentement mais sûrement !

Quel est votre point de vue sur les politiques menées en matière de quotas féminins dans les élections locales à liste ?

Je ne suis pas sûre que les quotas soient la solution. Je ne pense pas qu’imposer une place, qui du coup serait artificielle, à des minorités serait une bonne idée. Les femmes ne sont pas une minorité d’ailleurs !

Elles sont aussi compétentes que les hommes ce qui est une raison objective pour ne pas les inférioriser avec des quotas.

Selon moi les quotas ne peuvent être qu’un palier transitoire. Le véritable enjeu c’est de faire évoluer les mentalités et ce, dès le plus jeune âge.

Vous situez-vous plutôt sur un féminisme de droite ou un refus de ce terme ? (Certaines personnalités classant le féminisme dans l’humanisme)

Je ne crois pas que le féminisme doive être un combat contre les hommes ou qui que ce soit d’autre. Ce n’est pas une guerre que nous, les femmes, menons. Quand j’entends une soi-disant militante féministe, Alice Coffin, dire qu’il faut éliminer les hommes de nos esprits, ne plus lire les textes qu’ils écrivent, ne plus écouter les musiques qu’ils composent, c’est ridicule, elle est ridicule. En tout cas ce n’est pas le féminisme auquel je crois. Je souhaite l’égalité entre les hommes et femmes, pas à une supériorité d’un sexe par rapport à l’autre.

Mais je sais aussi ce que je dois aux féministes des années 70 pour les combats qu’elles ont menés…. 

Très récemment, Kamala Harris devrait devenir aux Etats-Unis, la première femme Vice-présidente, un tel scénario serait possible en France ? Une femme peut-elle devenir Présidente de la République ?

Je le pense ! L’élection de Kamala Harris à la Vice-Présidence de la première puissance mondiale est un symbole fort. Grâce à elle de nombreuses jeunes filles vont s’autoriser à rêver. Je crois sincèrement aujourd’hui qu’une femme peut devenir Présidente de la République, les mentalités ont bougé. Un sondage au début de l’année indiquait que 71% des français souhaitaient voir une femme Présidente de la République d’ici 2030. Au-delà donc d’un souhait personnel il s’agit aussi d’une volonté des français. Nombreux sont les exemples de femmes dirigeantes dans le monde : Angela Merkel en Allemagne ou encore Jacinda Ardern en Nouvelle-Zélande. Pourquoi pas en France ?

La droite doit-elle s’inspirer de femmes qui ont marqué l’histoire de ce courant telles que Michèle Alliot-Marie ou Simone Veil ?

Bien sûr ces femmes sont des modèles pour beaucoup et pas seulement pour la droite. Elles ont par leur action marqué notre pays et sont rentrées dans son histoire. La loi Veil est l’une des plus grandes de la République mais aussi celle qui a sans doute été la plus marquante pour une majorité de femmes. Ce discours prononcé par Simone Veil devant l’Assemblée Nationale le 26 novembre 1974 devant une enceinte presque exclusivement masculine est pour moi un des combats les plus marquants. « Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement’ cela restera toujours un drame. »

Suivront ensuite ses combats contre l’antisémitisme et son engagement durable pour la cause des femmes. Simone Veil est une des femmes grâce à qui j’ai souhaité un jour m’engager en politique.

Propos recueillis par Paul Gallard

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