Le Doc est un youtubeur traitant des sujets politiques, philosophiques et culturels.
Bonjour le Doc, vous avez investi YouTube, un média souvent considéré très à gauche, quel était l’objectif de cette chaîne ?
Le but de la chaîne c’était de donner aux abonnés des clés de compréhension des faits réels par une étude d’auteurs oubliés ou décriés par les enseignements actuels : que ce soit dans les lycées ou dans les universités. Au début, l’accent était mis sur les auteurs conservateurs, puis j’ai ouvert le champ idéologique avec des auteurs plus à gauche ; on retrouve cependant une matrice commune : l’aspect pragmatique des auteurs. J’étais convaincu que les abonnés pourraient puiser dans ces grandes œuvres à la fois des réponses à leurs interrogations – religieuses, philosophiques ou personnelles – et leur permettent de lutter contre le progressisme en s’inscrivant dans une lutte pour leur héritage. La chaîne pousse à s’élever personnellement à travers la lecture d’ouvrages, l’intérêt pour la chose publique, la curiosité artistique ou la culture de soi. En outre, devenir de véritables hommes par l’élévation culturelle. Désormais, on a élargi la chaîne avec de nouveaux formats, notamment les Rendez-vous du Doc dans lesquels on présente une personnalité, ce n’est pas une interview mais une véritable tribune. Je décortique aussi l’actualité en prenant un fait de société et j’essaye d’apporter ma vision.
Le fait que de nombreuses personnalités de droite montent sur les réseaux sociaux est-il le reflet d’une jeunesse de plus en plus à droite ?
Oui. On assiste à un basculement idéologique dont les balbutiements ont commencé depuis quelques années. On évoque beaucoup la culture woke qui s’est transmise depuis les Etats-Unis, mais un autre souffle a aussi déferlé sur nous, celui du conservatisme. On peut citer des auteurs tels que Jordan Peterson ou Roger Scruton, ils ont permis de débuter ce basculement idéologique. Cela permet l’émergence de nouvelles personnalités et projets sur les réseaux sociaux de l’acabit d’Instagram, YouTube ou Twitter : l’Atelier Missorpar exemple. Ce sont des nouveaux visages de la droite française et qui ne sont pas dans des schémas politiques. Leur succès prouve que la population française s’identifie dans des figures de droite, c’est proportionnel avec l’émergence de médias mainstream de droite comme CNews. Est-ce que cette prise de conscience se matérialisera dans les urnes ? C’est encore un peu tôt pour le dire. Notre société est encore trop marquée par Mai 68, la gauche est fébrile et trouve son sursaut avec le wokisme ; elle a conscience de la perte de son hégémonie et ça la radicalise. La jeunesse française est au rendez-vous et c’est un signal faible que nous connaîtrons la victoire : c’est une très bonne trajectoire !
On te sait très intéressé par les œuvres culturelles, la droite a-t-elle trop délaissé la culture ?
La droite a laissé le champ libre sur de nombreuses thématiques, la culture véritablement car la gauche a la mainmise sur la culture depuis désormais des décennies. Le Général de Gaulle avait fait des choix de pré-carrés pour la droite en délaissant en mai 68 la culture. C’était une erreur. La droite repart de zéro et c’est la raison de la lenteur du basculement idéologique. Elle sera le d’ailleurs le combat le plus difficile avec les universités. A partir du moment où l’on récupère ces deux éléments, la victoire sera à nous cependant il ne faudra pas reproduire les erreurs de la gauche en abusant de notre pouvoir et de notre idéologie sur ces champs. En politique, rien n’est éternelle et l’histoire est cyclique. En plus du fait que la droite a été bridée par la gauche sur ces thématiques, tout ce qui est de droite est décrié voire censuré, il y a des difficultés aussi sur le fait que des individus ne s’assument pas de droite ou conservateurs donc nos adversaires savent jouer sur cette peur. Cette peur est révolue et maintenant il faut assumer ses idées !
Comment donner aux jeunes de droite l’envie de s’intéresser à la culture ?
Il faut les intéresser par la lecture d’auteurs qui ont évoqué des thématiques passionnantes qu’ils soient liés à la politique ou aux sujet médiatiques. Dans le milieu scolaire, du fait d’un manque de patience et de pédagogie, combiné à une perte de niveau, le travail de sensibilisation n’est plus fait. De nouvelles méthodes sont devenues essentielles avec les phénomènes de perte d’attention, notamment la vulgarisation ; cependant je demande à mes abonnés de lire les livres dont je parle. Ce que j’essaye de faire dans mes vidéos c’est d’apporter cette clé de compréhension. Le jeune qui passe sur ma chaîne YouTube, qui s’intéresse à la culture, aura des clés de réponse à la plupart des problèmes qu’il rencontre dans sa vie de tous les jours, ce n’est pas sorcier mais le résultat d’expériences et d’enseignements de ces auteurs et ainsi de suite de générations en générations. Cela lui permettra de devenir un homme accompli. Précisons aussi qu’on ne présente pas assez des auteurs de qualité, trop souvent mis de côté ou censurés. La gauche n’a pas censuré par hasard, elle a voulu éviter que ces œuvres entre les mains des lecteurs ne deviennent le terreau d’une nouvelle génération déterminée.
Les réseaux sociaux sont-ils devenus fondamentaux dans la politisation de la jeunesse ?
Malheureusement, les réseaux sociaux sont une obligation. Les GAFAM ne soutiennent pas nos positions et nous devons malgré tout faire la guerre sur leur terrain. Si l’on ne le fait pas, on laissera un pré-carré de plus à la gauche. Même si les réseaux sociaux vont à l’encontre de certains dogmes du conservatisme, il n’en demeure pas moins qu’on peut les utiliser de manière saine et surtout inspirer les gens ; c’est ce que j’essaye de faire dans mon quotidien. Quand on est un individu sain qui partage son temps entre son travail, sa famille, son sport, sa lecture et utilise des réseaux sociaux ce n’est pas un problème ; il faut qu’il sache s’affranchir de la machine. En tant que vidéaste de droite ou autres influenceurs, il est important de tenir position sur les réseaux sociaux afin de gagner la guerre culturelle. Sans les réseaux sociaux, je ne pourrai pas délivrer mon message avec autant d’échos.
Les partis politiques sont-ils en retard dans la prise en compte de ces nouveaux outils de communication ?
Je ne crois pas en la logique de parti politique. J’ai une préférence pour la figure historique de l’Homme providentiel, celui d’un grand mouvement qui fait suite à un basculement idéologique, à un grand déclin ou des hégémonies civilisationnelles. Ce sont des grands mouvements bien supérieurs à la simple logique du parti politique. Bien-sûr, le parti peut être au service de cet homme providentiel mais c’est l’histoire qui le fera émerger. Les partis politiques sont trop souvent maladroits avec les jeunes car c’est une génération qui n’a pas connu certains outils, et c’est un jeu d’équilibriste fragile. Le réseau social ne doit pas être une fin en soit mais doit découler d’une construction idéologique. Il ne faut pas croire trop en ces partis car le militant peut perdre une certaine objectivité, voire son esprit critique par une aliénation pour son candidat. Ce n’est jamais bon de passer dans l’idolâtrie d’un individu et voter de la manière la plus pragmatique.
Quels sont les politiques et les auteurs qui t’inspirent dans ton engagement ? Quels œuvres nous conseilles-tu ?
La liste va être longue et c’est un choix difficile. Il faut d’abord aller vers de la littérature russe notamment des Dostoievski ou Alexandre Berdaiev. Dans une optique de conservateur britannique les Roger Scruton ou Duglas Murray sont fondamentaux : L’Erreur ou l’orgueil est une œuvre fondatrice de tout homme ou femme de droite, il explique très clairement pourquoi les idées de la French Theory sont vaines. Il faut aussi se tourner vers des auteurs absolutistes de la trempe des Machiavel ou Thomas Hobbes ; également des Alexis Tocqueville. Dans les plus contemporains, l’auteur fondamental c’est Jordan Peterson. Puis se tourner aussi vers des plus radicaux comme Julius Evola, Maurras et Bernanos. Dans une optique d’esprit critique, la lecture d’auteurs de gauche est essentielle mais il faut bien les choisir de manière à sélectionner ceux qui ont une analyse sensée : Pierre-Paolo Pasolini, Christopher Lasch et Michel Clouscard, ce sont des auteurs qui nous prouvent que la droite peut avoir cette ouverture d’esprit. Tous les auteurs de la chaîne sont validés par mes soins.
Quelle est ta vision de la droite de demain ?
Elle doit s’assumer et ne pas craindre d’aller au combat. Ses positions doivent être claires, dures à entendre mais réalistes. Elle ne doit pas courber l’échine face à la gauche, aucune concession ne doit apparaître. Ne tombons cependant pas dans une sorte d’effet tunnel en n’écoutant pas les préoccupations des concitoyens. Il ne faut pas tomber dans une forme de Cancel culture inversée et ne pas succomber aux chantres du capitalisme excessif. Celui-ci comprendra que de l’argent est possible à droite et essaiera d’en faire un produit de consommation ; c’est très dangereux. La droite doit être proche du monde rural, de cette France déclassée et aider ses anciens. Au chevet de ceux portés au pinacle par la gauche puis jetés en faveur des migrants ou autre LGBT. Une droite qui doit s’imposer à travers une élite politique, des journalistes influents qui permettront une durabilité des idées. Actuellement, il y a encore peu de personnalités influentes dans l’opinion politique. Les gens doivent revendiquer l’appartenance à nos idées car c’est une fierté d’être de droite !
Propos recueillis par Paul Gallard