(Entretien) Lionnel Luca (LR), « Aujourd’hui, la liberté d’expression est à sens unique »
(Entretien) Lionnel Luca (LR), « Aujourd’hui, la liberté d’expression est à sens unique »

(Entretien) Lionnel Luca (LR), « Aujourd’hui, la liberté d’expression est à sens unique »

Lionnel Luca est maire Les Républicains de Villeneuve-Loubet, il a été Conseillé Départemental, Conseillé Régional et Député durant 20 ans, professeur d’histoire/géographie et d’économie.

D’après vous, comment les thèses indigénistes ont pu prospérer en France ?

Pour les indigénistes, le point de départ c’est la décolonisation. La fin de l’Empire colonial Français, l’Afrique du Nord et la guerre d’Algérie voire l’Afrique Subsaharienne (même si elle est généralement présentée comme un modèle en termes de décolonisation). Le général de Gaulle a bien réussi cela, mais ce n’est que récemment qu’il y a des critiques sur le néocolonialisme, le système Francafrique – ou système Jacques Foccart – qui a accompagné l’indépendance des nouveaux Etats et a permis à la France de conserver tous ses intérêts.

En réalité, c’est la Guerre d’Algérie qui a laissé des plaies ; la France a voulu oublier sa propre histoire car elle a abandonné certaines populations telles que les Français d’Algérie ou encore les Harkis qui sont les grands oubliés. Le FLN, d’obédience « socialiste pro-soviétique », et l’aventure islamiste au sein de l’indépendance algérienne ont été également passés sous silence. Les révoltes du 8 mai 1945 à Sétif, mais également dans d’autres pays sous le contrôle de la France, se sont tout de même faites au nom de l’islam (et avec le concours des anglo-saxons, qui y voyaient une occasion pour que la France parte de ces lieux).  La répression fût violente. Cela a donc conduit à ce que des militants pro-FLN, avec l’appui des journalistes bien-pensants, deviennent progressivement des héros qui avaient soutenu l’indépendance. En soit, le mal part de l’école de la République puisque tous les évènements qui se déroulent aujourd’hui sont en rapport avec l’entrisme de l’extrême gauche à l’école, de professeurs d’extrême gauche qui ont rêvé la révolution Maoïste ou Che Guevariste, et qui ont échoué. Une partie de ces personnes se trouvent maintenant dans l’écologie politique en faisant basculer les discours qui étaient traditionnellement « d’extrême droite » à savoir la nature, le monde paysan, vers l’extrême gauche.

L’autre partie de ces personnes sont rentrées dans une rhétorique étrange qui est d’enseigner aux immigrés et enfants d’immigrés qu’on accueille, la culture de l’excuse et de la repentance. En fait, nous leur avons appris à nous détester. Lorsqu’on enseigne à un enfant déraciné que la France est responsable de tous ses maux, cela crée forcément un rejet. La prolifération de l’islamisme et des actes terroristes en France, en sont les symptômes les plus graves.

Ce qui est paradoxal, c’est que cette gauche qui a toujours été laïque et anticléricale, a effectué sa conversion pour devenir pro-islam ; comme le nouveau Maire de Lyon, qui peut aller à une cérémonie d’inauguration d’une mosquée mais qui ne se rend pas aux cérémonies traditionnelles chrétiennes. Nous sommes dans un bouleversement des valeurs au sein de notre société, mais aussi au sein de la gauche où nous avons une gauche plutôt proche de Manuel Valls, laïque et républicaine traditionnelle et de l’autre, une gauche sensible aux thèses racialistes et islamistes, qui s’en prend à l’identité Française et au concept de Nation. Parler d’identité devient donc une faute et c’est dans ce cadre que le mouvement indigéniste s’inscrit, notamment par des falsifications et réécriture de l’histoire.

Le point d’orgue aura tout de même été celui où Jacques Chirac renonce à la phrase sur les « aspects positifs » de la colonisation, évoquée par l’amendement du député Christian Vanneste au sein d’un projet de loi qui devait reconnaitre toute l’œuvre de la France dans les outres-mers. La première capitulation date de 2004 avec le rejet de l’amendement Vanneste.

Que pensez-vous de la loi contre le séparatisme que le Gouvernement veut mettre en place ?

Vous savez, j’ai toujours appris à mes étudiants en histoire, que ce qui fait l’Histoire c’est la loi du nombre. Karl Marx disait que l’économie était le moteur de l’histoire, je pense que c’est faux… c’est la démographie. Un million d’Amérindiens ne résistent pas à plusieurs millions d’Européens qui débarquant sur le continent américain. Aujourd’hui, ce qu’il reste des Amérindiens vit dans des réserves sur le territoire qui était historiquement le leur. Il se produit le même phénomène en Europe car les Européens vieillissent et ne se renouvellent pas. Mais la nature a horreur du vide, et le continent se remplira quoi qu’il arrive, avec des personnes venues d’ailleurs. L’intelligence eut été de faire en sorte que ces peuples puissent trouver leur avenir chez eux, sur leur territoire mais par manque de volonté, nous n’avons rien fait et les avons même fait venir sur notre territoire afin de les faire travailler.

Le regroupement familial qui fût effectué par Valéry Giscard d’Estaing, qui est en fait une idée du patronat, partait d’une bonne intention. La France ne se reproduit donc plus puisqu’un foyer, s’il veut se reproduire au sens statistique doit donner naissance à 2 enfants, soit pour 20 adultes, il faut 21 naissances pour que la courbe des naissances soit positive. On est tombé à 18 naissances, donc environ 1,8 enfants par couple. Si vous prenez le cas des Allemands, ils sont à 1,1 actuellement, soit la même chose que les Incas après l’arrivée des Espagnols.

L’effondrement fondamental de l’Europe c’est l’effondrement du nombre de jeunes parmi la population, donc l’effondrement démographique. Pierre Chaunu disait que « des jeunes dans un pays de vieux pensent comme des vieux », et c’est le cas aujourd’hui. Les écologistes sont le produit de ce vieillissement puisqu’on retrouve dans leurs discours la crainte de l’avenir, la peur de tout et on s’abrite derrière de la planète que l’on veut sauver. Mais la problématique va encore plus loin, car nous construisons une France et une Europe des ghettos. Ce qui est même pire que les Etats-Unis d’Amérique où malgré un système « communautarisé », on se regroupe autour d’un drapeau, et cela malgré les différences de couleurs de peau, de confessions… Cependant, il règne encore un racisme permanent à l’encontre des afro-américains. Dans ma ville, à Villeneuve-Loubet, j’ai fait citoyen d’honneur Pape N’Diaye, un enfant qui est arrivé du Sénégal en 1962 avec sa famille, qui a grandi ici et qui s’est très bien intégré dans notre ville ; au décès de son père, il y avait plus de monde à ses obsèques que pour les obsèques de certaines personnalités de la commune (à cette époque, Villeneuve-Loubet n’était qu’un village).

La liberté d’expression est-elle menacée par la montée de ces idéologies d’extrême gauche ?

Je pense que nous ne sommes plus dans un pays de liberté d’expression dans la mesure où l’on a décidé de « judiciariser » cette dernière. Aujourd’hui, la liberté d’expression est à sens unique. Les déclarations des groupes indigénistes, qui sont tout de même de la haine à l’état pur, ne font l’objet d’aucun recours judiciaire, et font encore moins l’objet de condamnations, notamment lorsque cette expression est musicale, car la musique est un élément de subversion par excellence. On peut penser au genre musical du « RAP » où nous avons une sorte d’acculturation générale. Mais à force de laisser faire et de ne pas condamner ces déclarations, il est probable que des réactions violentes arrivent. Le racialisme et l’indigénisme, sont les vecteurs menaçant de la liberté d’expression, se basant sur une inculture incroyable. Taguer le Général De Gaulle et l’associer à l’esclavage relèvent de l’idiotie la plus totale.

Les propos de certains maires écologistes ont fait récemment beaucoup de bruit, notamment à propos du Tour de France, des cérémonies de vœux des échevins ou encore à propos des sapins de Noël, y voyez-vous une forme de stratégie politique ?

Je pense plutôt que ces déclarations sont révélatrices de la vraie nature de ces personnes, leurs sorties sont des détails, mais elles trahissent leurs réelles intentions et leur fond idéologique. Elles s’apparentent à des fascistes ou communistes verts. Je les appelle les Khmers verts, même si le terme Khmers rouge leur irait tout autant. François Debré qui est décédé récemment, était journaliste du Monde en 1975, quand les cambodgiens prirent Phnom Penh, ils déportèrent immédiatement 2 millions de personnes. Imaginez 2 millions de Parisiens que l’on déplace de Paris vers la campagne, et il évoque que cela pourrait être une « intéressante expérience écologique ». Pour les Khmers rouges marxistes, la ville représente le capitalisme, et donc le mal. C’est ce que disait l’extrême droite française d’avant-guerre, notamment les militants de l’Action Française ou encore le Maréchal Pétain lorsqu’il affirmait que « seule la terre ne ment pas ». C’est une inversion totale puisque nous sommes passés d’une logique d’extrême droite traditionnelle, à une logique d’extrême gauche au sein du mouvement écologique. Le syllogisme est le suivant : le capitalisme est le mal, les villes représentent le capitalisme, il faut donc se débarrasser du modèle urbain pour retrouver la nature. François Debré écrivit le livre « Cambodge, la révolution de la forêt » en 1975. Les écologistes sont donc le produit d’une idéologie anticapitaliste, qui les poussent à un nouveau Maoïsme.

Selon vous, qu’est-ce que la Droite de demain ?

La Droite de demain peut-elle exister en tant que concept ? Est-ce que cela vaut la peine de s’engluer sur le terme de droite alors qu’il n’existe plus de gauche et que nous sommes passés à autre chose ? Ce système est né avec la Révolution Française ; certains se sont assis à droite au sein de l’Assemblée Nationale parce qu’ils étaient pour le Roi et d’autres à gauche, car opposé au Roi. Que mettre désormais mettre à droite ? Et que mettre à gauche ? Parce qu’aujourd’hui il est possible de mettre à gauche des gens de gauche comme de droite, et de réunir à droite des gens de gauche comme de droite ; mais sur d’autres notions qui commencent à se dégager. D’une part une tendance plutôt souverainiste et d’autre part une tendance plutôt internationaliste. Pour moi, la République accompagnée de sa devise « Liberté, Egalité et Fraternité » me parait être un élément clef, et vous remarquerez que ceux qui sont les adversaires de cette dernière, n’utilisent pas les éléments de la République puisqu’ils ne prêtent pas attention à la liberté, ils se servent de l’égalité quand cela sert leurs intérêts, et la fraternité qui leur est exclusivement réservée. Il faut reprendre notre drapeau et notre devise sur ces fondements d’universalité qu’a incarné la Révolution Française car la République est une et indivisible !

Propos recueillis par Alexandre Saradjian et André Missonnier

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