Patrick Karam est vice-président de la région Ile-de-France et responsable Outre-mer de la campagne présidentielle de Valérie Pécresse.
Bonjour Patrick Karam, Valérie Pécresse a fait une visite sur l’île de Samos en louant la politique grecque en matière d’immigration, un modèle à suivre ?
En 2015, quand il y a eu la vague de migration en Europe, j’ai alerté l’opinion publique en demandant le refus strict de cette vague migratoire mortifère pour la France et l’Europe. On ne peut pas refuser aux chrétiens d’orient de venir sur notre territoire, avec un accueil au compte-goutte et des conditions drastiques à leur arrivée, pourtant ils sont victimes de génocide par Daesh et al-Nosra. Et dans un deuxième temps, dire aux autres migrants de venir en masse avec un accueil chaleureux de notre part.
Cette migration est dangereuse aussi par la grande part d’hommes parmi les migrants. Il ne faut surtout pas priver les pays de départ de leurs forces vives. En Syrie, la moitié des médecins sont partis par exemple, il n’y a plus d’enseignants ; comment voulez-vous qu’un pays puisse se reconstruire si vous le délestez de ses actifs ? Nous devons éviter cette forme de néocolonialisme à l’envers : ces pays ont payé pour former tous leurs nationaux et nous serions égoïstes de les recevoir dans ces conditions.
Ce que propose Valérie Pécresse me semble raisonnable et surtout important. Aujourd’hui, nous avons une immigration débridée sur laquelle nous ne pesons plus, un Etat se doit de choisir les individus qui entrent dans ses terres, c’est fondamental. L’immigration choisie est l’alpha et l’Omegad’une véritable politique migratoire.
Sur la question des réfugiés, oui il faut des postes aux frontières de l’Europe afin de choisir librement qui vient ou non sur le territoire européen. Une fois qu’ils sont entrés, il est très difficile de les rebouter, ces postes permettront de garantir un temps pour enquêter sur les individus et en particulier quand ils sont mineurs isolés. Nous avons beaucoup à nous inspirer du modèle grec : traiter les migrants avec humanité mais en étant ferme sur nos désirs pour le pays.
Comment ne pas bafouer la laïcité et concilier nos traditions chrétiennes ?
Valérie Pécresse l’a rappelé à travers son voyage en Grèce : l’Europe a des racines grecques, romaines mais également chrétiennes. C’est tout ce que l’Occident doit à l’Orient d’ailleurs, nous sommes ce que nous sommes grâce aussi à la chrétienté en orient ; oublier cet aspect de notre histoire, c’est renier nos valeurs.
Toutes les polémiques sur les crèches dans les mairies ou concernant la place des événements religieux dans nos calendriers sont absurdes. Bien-sûr la France n’a pas que des racines chrétiennes mais elles participent à ce qu’est notre civilisation. Ceux qui arrivent dans notre pays n’en sont pas exclus pour autant mais ils doivent s’adapter à notre contexte. A la région Île-de-France, je fais chanter noël, c’est une tradition importante aux Antilles et nous la finançons ; j’ai pris des rafales de polémiques car je serais en train de bafouer la laïcité. En quoi est-ce bafouer la laïcité que de respecter des traditions de notre territoire ? Il faut être fiers de nos traditions !
Le sanglot de l’Homme blanc ne m’intéresse pas comme l’écrivait Pascal Bruckner : l’Occident, durant des millénaires a été un phare culturel pour l’humanité, tous les pays aux alentours essayaient de s’en inspirer ; c’est dans cette période que l’arabité permettait de former un Etat dissocié de la religion dans les pays musulmans. L’Occident avait ce pouvoir d’attraction qui a inspiré de grands politiques à travers le Monde notamment Ataturk ou Bourguiba voire Nasser.
Comment expliquer la montée de l’islamisme ?
Depuis la révolution islamique d’Iran sous Khomeini, depuis la guerre froide où les Américains ont joué avec l’islamisme pour combattre le soviétisme, idéologie contre idéologie, on constate que nos civilisations, notre influence et nos valeurs sont en recul au Proche et Moyen-Orient car l’islamisme est monté. L’islamisme est devenu intolérant, il a commencé à enfermer les femmes, à les asservir, à persécuter les minorités notamment chrétiennes ; je n’oublie pas que mon arrière-grand-père était un prêtre maronite dans les montagnes du Liban, je ne renie pas mes racines et je le dis, dans cette région du monde, l’influence française a toute sa place !
C’est pour ces raisons, qu’avec Antoine Sfeir, nous avons alerté l’Occident sur les dangers de la montée de cet islamisme au Moyen-Orient, que c’était un véritable risque à long-terme pour l’Europe. A l’époque nous n’avons pas trouvé d’écho dans l’opinion publique. Pourtant, je recevais des prêtres libanais, et ils m’expliquaient alors que ce qui était en train de se passer dans leur pays allait suivre le même chemin en France ; ils avaient raison. Dans de nombreux pays que j’ai eu la chance de visiter, j’ai vu cette influence grandissante de l’islamisme et sa manière subtile de s’imposer dans la population. Le plus terrible c’est que cet islamisme rend les gens intolérants : des citoyens de toute confession vivaient paisiblement désormais il y a des tensions ; les musulmans modérés se font forcer à la radicalisation avec des stratagèmes très subtiles. Les organisations fréristes et salafistes utilisent beaucoup les leviers de l’humanitaire pour gagner la confiance des gens. Puis, ce sont des remarques sur le manque de pratique religieuse des personnes aidées : c’est le phénomène de religiosité contrainte.
L’islamisme est un danger pour l’Europe ?
L’islamisme monte en Occident, et l’Europe prend son temps pour réagir… En réalité, avec le développement d’internet les jeunes écoutent des discours des grands imams de Médine. Au moment du Ramadan, une radio a diffusé le discours, en arabe, du grand Moufti de Médine et on sait que ce sont des valeurs de l’Islam Wahhabite. L’influence de ces pays est dangereuse dans la mesure où les migrants ou réfugiés qui viennent en France le font pour sortir du contexte de leurs pays d’origine et arrivés en France, ils retrouvent les raisons pour lesquelles ils sont partis ; c’est un paradoxe. S’ils viennent vivre en France c’est pour vivre avec nos mœurs et non les leurs. Nous devons être dignes de notre héritage occidental, capable de porter les valeurs qui sont les nôtres. Il faut en finir avec l’idéologie de la repentance. Nous devons porter une politique culturelle forte au sein même de notre pays !
Mais comment le combattre ?
Déjà, il faut éviter la dérive d’un Éric Zemmour qui confond Islam et islamisme, ce raccourci entre musulmans et islamistes est insupportable car nous avons besoin des musulmans pour mener le combat face au fondamentalisme islamique. Ce combat commence à l’intérieur des communautés musulmanes. Les leaders musulmans doivent être aux côtés de la République, cela a toujours été mon discours quand je vais à la rencontre des responsables du culte musulman.
Il existe des exemples viables en France, à la Réunion ce sont les fidèles qui dénoncent aux autorités les individus radicalisés à la préfecture, ils appellent à manifester quand il y a un attentat et surtout ils évitent de crier au « pas d’amalgame » car c’est irresponsable. Quand l’élite musulmane se cache derrière cette phrase, c’est une trahison envers les musulmans français.
Dans ce pays, les musulmans sont libres et traités de manière égale avec les autres citoyens : nos lois répriment la discrimination. Nous devons travailler en collaboration avec des représentants du culte musulman afin d’éradiquer l’islamisme. Le plus important est d’interdire les courants salafistes et fréristes ainsi que l’islamisme turc de notre pays ! Chaque fonctionnaire rattaché à un de ces courants doit être écarté de sa fonction. Nous sommes encore bloqués par le frein normatif, nous devons durcir nos lois. Ce doit être une juridiction d’exception sur cette question de l’islamisme. Ceux qui font l’amalgame entre islam et islamisme sont les idiots utiles des islamistes. Pour autant, quand on est d’origine étrangère on se doit d’être reconnaissant envers le pays qui nous a aidé, qui nous nourrit et nous donne une chance de réussir !
Quel est le bilan d’Emmanuel Macron dans la lutte contre le communautarisme ? Notamment cette fameuse loi contre le séparatisme ?
C’est un échec total. A la région Ile-de-France, j’ai mis en place avec Valérie Pécresse la Charte sur le respect de la laïcité et des valeurs de la République. Le Rassemblement national a voté contre cette charte comme la gauche. Avec cette charte, nous avons formé des représentants du sport sur ces sujets afin qu’ils puissent écarter de leurs clubs les personnes qui portent atteinte aux valeurs de la République. Il ne faut pas avoir de pitié envers les associations sportives complices des mouvements islamistes, nous devons les dissoudre. Soyons conscients du fait que des radicalisés avec des fiches SFPRT dans nos clubs ; la ministre m’avait même critiqué sur Europe 1 et nous avions répondu avec Jacqueline Eustache-Brinio et Éric Diard. J’ai interdit le burkini dans nos piscines et le CCIF avait porté plainte, le défenseur des droits nous avait même adressé un courrier sur la base de la plainte du CCIF nous accusant de discrimination ! Nous devions prouver que nous ne faisions pas de discrimination alors qu’on était accusé. Chaque fois que l’on agit, les macronistes nous accusent.
Pourquoi avez-vous fait du combat contre l’islamisme votre engagement politique ?
Mon père rentre à la maison quand j’avais 4 ans, et il se met à pleurer ; il venait de recevoir son acte de naturalisation française. Devenir français était pour lui un bonheur mais également un honneur qui lui conférait des responsabilités vis-à-vis de son pays d’adoption. Il en est fier ! Il ne nous a pas appris l’arabe car il voulait que nous parlions français. Il m’a appris l’amour de la France et cet amour ne m’a jamais quitté. J’ai visité beaucoup de pays à travers le monde et j’ai vu les ravages de l’islamisme sur les sociétés. Je ne veux pas que mon pays se transforme – à l’image des pays d’Orient – en Etat de l’intolérance où les gens se divisent en fonction de leur religion. Je n’ai aucune ambiguïté avec l’islamisme.