(Entretien) Rémi Tell, « Notre génération doit avoir le courage de prendre le pouvoir »
(Entretien) Rémi Tell, « Notre génération doit avoir le courage de prendre le pouvoir »

(Entretien) Rémi Tell, « Notre génération doit avoir le courage de prendre le pouvoir »

Bonjour Rémi Tell, vous êtes l’auteur de votre premier roman après avoir publié des essais. Qu’est-ce qui vous intéresse dans ce genre littéraire ?

Je trouve que le roman permet de faire des choses absentes dans l’essai. Il y a un pouvoir de la fiction qui facilite la transmission de messages. Nous sommes une espèce qui, depuis la nuit des temps, fonctionne à travers le récit et la transmission d’histoires. Ce n’est pas pour rien : elles aident à avancer et comprendre des choses que les faits seuls ne peuvent pas éclairer. c’est toute la force du roman.

Vous parlez de transmission de messages. Quel message avez-vous souhaité transmettre avec ce roman ?

Je souhaitais rédiger un roman autour de la mémoire et de la transmission à travers l’illustration d’un passage de témoin entre des générations. J’ai voulu montrer le profit que l’on avait à tirer de ce que nous ont transmis nos aïeux. On revient alors sur les questions d’identité, d’origine et aussi de notre place dans le monde. Je conclus ce texte par une exhortation à défendre la France. C’est le message que j’ai essayé de faire passer par la fiction.

Ce roman est pour vous l’occasion de faire un appel à la jeunesse française. Que souhaitez-vous dire à la jeunesse de notre pays ?

Que la France méritait encore d’être défendue. Derrière le désastre officiel et tant commenté, il y a encore des trésors infinis de traditions, de savoirs-faire et de génie propre à notre peuple. Il y a chez nous bien des raisons d’espérer et de s’épanouir à condition de s’en donner les moyens. Je crois que c’est la tâche de notre génération et c’est tout le sens de mon humble appel.

Que pensez-vous de la jeunesse de notre pays ? Cette jeunesse est-elle consciente des défis qu’elle a face à elle ?

Elle sent et ressent beaucoup de choses je pense. Il y a évidemment cette crise de l’éducation qui l’impacte. Mais je rencontre des jeunes qui ont les idées assez claires. Le problème ne me semble pas tant sur les idées que sur le courage d’agir pour les imposer. Notre génération doit avoir le courage de prendre le pouvoir comme les générations qui les ont précédées l’ont fait. Nous avons du mal à l’assumer. Je trouve qu’il y a une forme de timidité dans la génération présente. Or, les événements se font donc à ses dépends et de son avenir. C’est pour cela qu’il me semble impérieux qu’elle agisse et qu’elle embrasse son destin.

Ce qui semble marquant pour notre jeunesse c’est le désengagement de la jeunesse de la politique “traditionnelle” au sens électoral. Pour autant, la jeunesse est-elle vraiment étrangère aux affaires de la cité ? Ne s’engage-t-elle pas par des moyens différents ?

C’est un fait certain qu’il y a de nouvelles formes d’engagement, et je pense que c’est une bonne chose. Mais peut-être faudrait-il les percevoir comme un outil supplémentaire, mais non-suffisant. Par exemple, on trouve une vraie culture de l’indignation qui se développe sur les réseaux sociaux et c’est très bien, car ce sont des vecteurs d’alertes ou de massification d’idées. Mais tweetter n’est pas agir !

Quand on est jeune, on a tendance à tomber dans le piège de la facilité – et qui est une croyance contemporaine – que parler est agir. Cependant, en politique, les mots doivent toujours être doublés de l’action. Donc oui, il y a une nouvelle forme d’engagement, mais il ne faut pas oublier pour que cela change concrètement.

Quelles sont pour vous les solutions qui pourraient permettre à la jeunesse de retrouver l’envie de faire Nation, de s’engager pour son pays ?

Il faut qu’elle se confronte à ses maux. Pour cela, elle doit revenir à l’essentiel. Il faut qu’elle retrouve le réel en quittant les réseaux sociaux et les écrans pour se retrouver avec nos auteurs, retrouver les chemins de nos campagnes.

Car, quand l’on connaît ce pays, on l’aime. Quand on l’aime, on a envie de le défendre. Les solutions sont paradoxalement assez simples. Il faut les aider à cultiver une indépendance d’esprit qui est une qualité perdue. Les médias de masse en sont coupables en favorisant un conformisme complètement délétère pour la vie démocratique. C’est par les vertus de la lecture et de la contemplation que l’on pourrait retrouver cet esprit critique indispensable au redressement français.

Propos recueillis par Théo Dutrieu

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