Stanislas Andre est chef d’entreprise et conseiller national Les Républicains.
Emmanuel Macron s’est rendu à Nice en ce 10 janvier, une manœuvre politicienne ?
Emmanuel Macron n’agit plus en Président de la République mais en tant que candidat à une campagne électorale, ce n’est un secret pour personne. Sa visite est une énième provocation orchestrée par les deniers publics. D’ailleurs, je salue l’action de Christian Jacob qui vient de saisir la Commission nationale des comptes de campagne sur l’utilisation des moyens publics. Un président doit servir l’Etat et non se servir de l’Etat !
Bientôt 5 ans après l’élection d’Emmanuel Macron, quel bilan en matière de sécurité ?
Ce dernier le décrit comme « positif » Permettez-moi de reprendre la formule d’Eric Ciotti, ce quinquennat est un Waterloo sécuritaire. Les coups et blessures ont augmenté de 18% depuis 2017, nous comptabilisons 800 agressions par jour et le pays compte plus de 4000 points de deal. L’échec est total, il faut être aveugle où de mauvaise foi pour ne pas s’en rendre compte. Pire, ce quinquennat est celui des humiliations pour nos forces de l’ordre. Christophe Castaner avait même proposé aux policiers de s’agenouiller place Beauvau en soutien aux victimes de « bavures policières ». Les Français font de la sécurité un thème important des récentes élections, ce n’est pas un hasard. Le laxisme étatique est total mais Emmanuel Macron se cache derrière des chiffres camouflés par la crise sanitaire et les nombreuses conséquences des restrictions. Le gouvernement se targue d’avoir mis les moyens, mais il faut rompre avec une certaine idéologie néfaste pour notre sécurité collective, celle qui défend les droits des délinquants au dépend de ceux de la victime. Surtout, la présence policière se doit d’être renforcée sur le terrain. Faut-il rappeler le rapport de la Cour des comptes qui met en évidence une meilleure présence des policiers sur le terrain sous Nicolas Sarkozy ?
Durant la visite du chef de l’Etat, le député Eric Ciotti était en visite à la maison d’arrêt de Nice, le pénitentiaire est-il le grand oublié de ce quinquennat ?
Bien sûr, l’administration pénitentiaire était le grand absent de la table ronde Macron. Plus largement, c’est une question qui a été complètement occultée par un gouvernement qui se refuse toujours à construire des places de prison. Il suffit d’observer ce phénomène à l’échelle locale, à Nice, la maison d’arrêt est en surpopulation à hauteur de 155 %. Emmanuel Macron avait promis lors de sa campagne la construction de 15 000 places de prison supplémentaires en 5 ans, puis est revenu dessus en parlant de 10 ans, et finalement nous en sommes à 2 000. Or, nous savons bien que la réponse pénale ne peut pas être efficace si les délinquants savent qu’ils n’iront pas en prison faute de place. Sans une réponse pénale dissuasive, il n’y aura pas de paix et la France continuera de s’orienter vers un perpétuel climat de guerre civile.
En matière de justice, que pensez-vous des mesures portées par Valérie Pécresse – en particulier le retour de la double peine ?
Valérie Pécresse sera la Présidente de l’impunité zéro après des années de laxisme qui ont conduit à l’ensauvagement. Avant ce quinquennat, pouvions-nous imaginer un Garde des sceaux jouer au babyfoot avec de jeunes délinquants ou être applaudis par des détenus ? Les propositions de Valérie Pécresse vont dans le sens d’une justice qui juge vite et bien avec des investissements inédits permettant une simplification de la procédure pénale et le retour des peines planchers notamment pour ceux qui s’attaquent à l’uniforme de la République. Quant à la double peine, je soutiens pleinement son rétablissement. Pour celui qui trahit la confiance de la France, le message doit être simple : la prison et l’avion !
Eric Zemmour et Marine Le Pen pensent que Les Républicains marchent sur leurs plates-bandes en matière de sécurité, est-ce le cas ?
Valérie Pécresse n’a aucune leçon à recevoir en matière de sécurité. Contrairement aux candidats que vous citez, elle dispose d’un bilan exemplaire à la tête de la région Île de France et peut compter sur le meilleur spécialiste de ces questions en la personne d’Éric Ciotti. En termes de régalien, je rappelle qu’elle a mené au sein de la région Ile-de-France une politique de bouclier de sécurité : des brigades de sécurité devant les lycées, augmentation du budget sécurité, des transports sous caméra, la construction d’une prison, des opérations de rénovation des commissariats et l’augmentation du nombre d’agents de sécurité. Zemmour et Le Pen sont les candidats de l’impuissance que Macron rêverait d’affronter au second tour.
En cas de victoire de la Droite Républicaine, dans quels domaines l’Etat devra immédiatement se mobiliser ?
Outre les questions régaliennes que nous avons abordées et qui doivent constituer la priorité des priorités, la victoire de Valérie Pécresse signera le retour du patriotisme économique qui a beaucoup reculé ces dernières années. Il faudra réarmer industriellement notre Nation, notamment en baissant les impôts de production. Enfin, nous devrons prendre à bras le corps la question écologique qui préoccupe bon nombre de nos concitoyens notamment les plus jeunes. Enjeu qui devra se résoudre par la science et l’innovation.
Propos recueillis par Paul Gallard et Alexandre Saradjian