Crédit photo : Jacques Witt / Sipa
Bonjour madame Boyer, vous vous êtes engagés au Sénat face aux mutilations génitales, pourquoi mener ce combat en particulier ? La France était-elle armée juridiquement face à ces pratiques culturelles non-occidentales ?
Ce sont des actes de torture et de barbarie, souvent réalisés sur des mineurs. Il n’y a plus de procès depuis des années sur ces questions-là. Or, des études – notamment internationales – nous montrent que le nombre de femmes excisées, sexuellement mutilées, augmentent dans le monde. J’ai voulu mettre le droit en cohérence avec nos principes. Quand des enfants sont mineurs, c’est la responsabilité des parents. C’est la raison pour laquelle j’ai émis des propositions en ce sens, dont le fait que si une femme accouche et que le gynécologue constate une mutilation sexuelle, il faudra qu’il voie si elle est française. Si c’est le cas, une enquête doit être immédiatement ouverte. Si elle vit en France, la possibilité d’attaquer ses parents en justice. Je me suis étonnée que nous n’ayons, aujourd’hui, aucune information sur ces femmes françaises. Dans un deuxième temps, pour les jeunes filles qui vont dans le pays d’origine de leurs parents dans lesquels ces pratiques sont répandues, il faut un certificat de retour pour constater qu’elles n’y ont pas été mutilées. Les parents disent que ce n’est pas leur faute, que la jeune fille s’est fait mutiler à leur insu. En Egypte, les femmes entrent à l’hôpital, elles sont alors anesthésiées et elles sont mutilées. Il y a toutes sortes de pratiques, ça existe à l’étranger et des conventions internationales les combattent.
Sur Marlène Schiappa et son combat contre le certificat de virginité…
C’était l’une de mes premières interventions en tant que députée. Il y avait à l’époque un mari qui voulait divorcer de sa femme car elle n’était plus vierge. J’étais intervenue en disant « que l’honneur des hommes ne se trouve pas entre les cuisses des femmes ». C’est interdit dans le Code pénal et dans le droit lié au mariage. Les certificats de virginité doivent bien entendu être interdits.
Une étude du ministère de l’Intérieur mettait en évidence le rapport entre violence – dont sexuelle – et immigration, est-ce votre avis ? Comment résoudre concrètement ces problèmes d’insécurité qui empêchent de nombreuses femmes d’utiliser les transports ?
Je n’ai pas eu connaissance de ce rapport. Vous savez, quand vous avez une immigration composée à 95 % d’hommes qui viennent de pays dans lesquels le rôle et le statut de la femme ne sont pas formidables, ce n’est pas étonnant. Je ne veux pas élargir les trottoirs comme l’a suggéré Caroline de Haas. Je m’étonne aussi du silence des féministes quand il y a eu deux viols à Stalingrad ou quand une femme retraitée a été cambriolée puis violée par deux Algériens en situation irrégulière. On ne les a pas beaucoup entendues. Je veux bien que l’on traite de la problématique du harcèlement de rue,mais si on n’est pas capable de gérer ces cas-là, c’est difficile. De la même façon quand on entend qu’il existe une culture du viol en France, c’est totalement stupide. La culture du viol n’existe pas en France. Des deux assassinats récents de femmes en France, l’un est Kosovar, l’autre un Algérien naturalisé – celui qui a brûlé la pauvre Chahinez. Les deux sortaient de prison et étaient connus pour violence. Rappelons qu’ils ne sont pas Français d’origine.
Sur la question du voile, est-il possible de l’interdire considérant qu’il est un objet de soumission des femmes mais en contraignant la liberté des femmes ?
Nous sommes dans un pays qui prône des valeurs fondamentales : liberté, égalité et fraternité. Le voile est un interdit de ces valeurs. Il est un signe d’infériorisation des femmes, d’hypersexualisation des femmes et d’infantilisationdes hommes qui seraient incapables de se retenir quand ils voient une mèche de cheveux. Ce n’est pas dans nos mœurs, ce n’est pas dans nos civilités et c’est contraire à nos principes. Pour moi, ce n’est pas un problème de religion mais bien le fait qu’on ne peut séparer les femmes en catégories : femmes indignes / femmes dignes, femmes pudiques / femmes impures. Il n’a pas sa place en France.
Toutes ces dérives sont le fruit d’une certaine éducation mais peut-on vraiment agir sur l’éducation parentale ? L’Etat peut-il se substituer aux parents ?
Ça s’appelle l’assimilation : « A Rome, on vient comme un Romain ». Dans notre pays, on ne fait pas la différence de droit et de statut entre les hommes et les femmes. Les femmes qui ont les cheveux au vent ne sont pas impudiques. Cela fait partie de nos droits fondamentaux. On touche ici à l’universalisme républicain.
Pour en revenir aux libertés, vous vous êtes opposée à la PMA sans père et à la GPA, pourquoi cette position ?
Je me suis opposée à la GPA car je suis contre l’esclavage : contre le fait de commander, de fabriquer et d’acheter un enfant. Cette pratique concerne autrui, et non-seulement deux personnes qui ont décidé d’adopter ou d’avoir un enfant, dans la mesure où il y a une tierce personne avec la mère porteuse. Ça concerne aussi le sort d’un être fragile qui est en gestation. La GPA engage la liberté et l’intégrité d’autres individus ; c’est la raison pour laquelle je m’y suis opposée. Pour la PMA sans père, je suis favorable à la procréation médicalement assistée pour les couples qui ne peuvent pas avoir d’enfants en raison d’une infertilité, pour les couples homosexuels ce n’est pas un problème d’infertilité. Je n’étais surtout pas favorable à la prise en charge de la PMA pour ces couples dans la mesure où ce ne sont pas des anomalies médicales. De plus, on ne peut pas dire que la société est défaillante et exclure le père.
Ces dérives idéologiques sont-elles le fruit des pensées néo féministes ?
Je suis féministe. Je suis pour les droits humains, des femmes comme des hommes. Nous sommes dans des sociétés dans lesquelles les libertés de droit existent. L’égalité de fait est parfois plus difficile. Je sors d’un entretien avec une jeune femme qui me posait des questions sur l’égalité des femmes et hommes en politique. J’ai eu des difficultés liées à mon sexe, mais je pense que les hommes en ont aussi. Les problèmes ne sont pas tous liés au genre.
Le Gouvernement a décidé de donner gratuitement des protections hygiéniques aux étudiantes afin de lutter contre la précarité menstruelle, une mesure critiquée, quel est votre point de vue sur la question ?
Dans la mesure où des personnes ont besoin d’être aidées, effectivement, l’aide ce n’est pas qu’alimentaire. Les produits d’hygiène me semblent importants également. Aujourd’hui, vous avez des produits d’hygiène qui sont réutilisables. C’est une bonne chose car nous allons vers une société de consommation moins forte. J’espère que les produits distribués seront de bonne qualité et durables. Il est clair que des personnes qui ont déjà du mal à se nourrir ne peuvent pas s’acheter des produits d’hygiène.
Quels seront vos prochains combats au Sénat ?
Je souhaiterais mettre en place des peines planchers pour les violents conjugaux. Ça fait des années que je porte le combat sur le fait qu’on ne puisse avoir la nationalité française si on a commis des crimes et délits – en particulier les violences conjugales – et qu’on perde le statut de réfugié. C’est de l’assimilation et du respect de nos mœurs. Je souhaite aussi que pour les mineurs qui vont se faire avorter, on puisse conserver le produit de leur avortement car si elles souhaitent porter plainte, qu’elles se rendent compte plus tard qu’elles ont été abusées ; une sorte de recueil de preuves préventives. C’est une mesure qui permettrait de résoudre beaucoup d’affaires. Cette idée me vient des nombreux contacts que j’ai eus, notamment de la maison des femmes de Saint-Germain-en-Laye – Institut Women Safe.
Propos recueillis par Paul Gallard