Femmes de droite – Maud Koffler « Je n’oublierai jamais les larmes de ces militants au Trocadéro »
Femmes de droite – Maud Koffler « Je n’oublierai jamais les larmes de ces militants au Trocadéro »

Femmes de droite – Maud Koffler « Je n’oublierai jamais les larmes de ces militants au Trocadéro »

Bonjour Maud Koffler, pourquoi avoir quitté le journalisme pour rejoindre l’équipe de communication d’Eric Zemmour ?

Il s’agit plutôt d’un concours de circonstances. Voyant que je quittais Livre Noir, Guillaume Peltier m’a d’abord proposé de travailler avec lui. Nous étions toujours en campagne et j’avais pleinement conscience qu’en acceptant cette proposition, je m’exposais à une sorte de marginalisation professionnelle. Mais quand on vous donne soudainement l’opportunité de servir vos idées à un moment clé de l’histoire politique française, vous ne pouvez pas renoncer. Alors j’ai rejoint Guillaume Peltier, dans un premier temps, puis l’équipe de communication du parti, plus récemment.

Quelle différence fondamentale existe entre ces deux métiers ?

Si l’on prend la définition originelle de cette profession, en journalisme, on ne peut pas tricher. C’est le principe de la charte déontologique. On accuse souvent les journalistes de ne pas être « neutres » ou « objectifs », mais qu’importe, du moment qu’ils sont honnêtes. En politique, en quelques sortes, tous les coups sont permis. Le principe est de sublimer la personne que l’on sert et de séduire l’électorat que l’on vise. Je crois que ce qui différencie fondamentalement ces deux métiers se résume en deux objectifs un peu caricaturaux : le journalisme, c’est l’intérêt général. La politique, c’est le bien commun. Mais aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux et de la banalisation de la figure politique en France, tout se mélange, les journalistes font de la politique et les politiciens font du journalisme.

Au sein de Livre Noir vous étiez constamment sur le terrain, que gardez-vous de cette expérience au sein de ce type de média ?

D’abord, une immense fierté. Je crois qu’avec Livre Noir, nous avons été capables de repousser toutes les limites du journalistiquement correct. Nous n’avons jamais reculé, ni dans nos enquêtes, ni sur le terrain. Un jour, en école de journalisme, Thierry Desjardins nous a dit ceci : « Il est peut-être plus difficile aujourd’hui de garder cette naïveté qui permet de s’indigner, de s’insurger. On a tout vu, on ne s’étonne plus de rien et tant d’espoirs ont été déçus. » Cette naïveté fut sans doute notre plus grande force. On accomplit rien de beau ni rien de grand quand on a cessé de se passionner, quand un regard nous dérange, quand un témoignage nous ennuie, quand un obstacle nous fige. Au-delà des différends humains auxquels nous avons dû faire face à la fin, cette expérience professionnelle fut sans doute la plus belle parce que la plus folle et la plus exigeante. Parce que nous avons redécouvert la France, ses contours et ses cœurs, ce qu’elle a de plus beau, ce qu’elle a de plus sombre… Nous nous sommes perdus dans des villages et dans des cités, nous nous sommes pris des coups de casques et avons reçu tant d’amour, nous passions constamment d’une émotion à l’autre et nous n’en avions jamais assez. Ce que je garde précieusement en mémoire et ce qui m’a sans doute le plus éprouvée, ce sont tous les témoignages de policiers en colère ou en détresse. Quand un message vous réveille en pleine nuit venant d’un flic que vous ne connaissez ni d’Eve ni d’Adam, sur lequel est inscrit « je n’en peux plus, je veux en finir, aidez-moi », vous pouvez être certain que vos nuits ne seront plus jamais les mêmes. 

Pourquoi faire de moments à vocation politique, des scènes artistiques ?

Parce que le beau élève l’âme et sublime les idées. Les Français sont de grands sentimentaux, il ne faut pas l’oublier. Olivier Ubeda a compris cela et a créé une œuvre magistrale autour d’Eric Zemmour, une véritable immersion qui s’est progressivement transformée en un rendez-vous amoureux entre la France abandonnée et l’homme providentiel. Ses discours prenaient une envergure transcendante, on nous mettait du bleu-blanc-rouge plein les yeux, on nous invitait à participer à la légende, à l’épopée… Chaque meeting devenait un moment historique. Et même si ces instants passent, ces émotions restent. Je n’oublierai jamais les larmes de ces militants au Trocadéro qui hurlaient la Marseillaise à s’en crever les poumons, comme si tout se jouait là, dans cet écrin tricolore. C’était surnaturel. Le « peuple amoureux » auquel rêve si souvent Philippe de Villiers était là, debout. Mais Olivier en parlerait beaucoup mieux que moi, c’est lui qui a réveillé ce peuple.

Avez-vous la volonté de remettre l’esthétisme au centre de la politique ?

Vous connaissez l’expression « avoir le physique de ses idées », c’est un peu le même principe en politique. Mais au-delà même du message politique, vous ne pouvez pas aimer votre pays et négliger la façon dont vous prétendez le défendre et l’incarner. Reconquête, c’est l’amour de la France, de ses beautés, de ses contours, de ses traditions… Nous avons un devoir politique et civil envers ceux qui adhèrent à l’idée que nous nous faisons de ce pays. La politique est devenue si laide. Regardez ce qu’il se passe à l’Assemblée nationale, regardez le comportement pitoyable d’Emmanuel Macron, tout est devenu vulgaire. La mission de Reconquête est de rendre la politique désirable.

Reconquête semble avoir pris le pari de la communication moderne, quels en sont les ressorts ? Quelle est l’ambition du parti en matière de communication ?

Au-delà des projets purement numériques, qu’il s’agisse de nouveaux contenus sur YouTube, d’une revue, d’immersions, etc…, il y a surtout un désir de promouvoir de véritables actions. Reconquête a deux atouts majeurs : sa maîtrise des réseaux sociaux et son gigantesque réseau. Au sortir des scrutins électoraux, on aurait pu croire que Reconquête s’effondrerait par manque de légitimité, de militants et d’existence médiatique. Mais tout cela a été largement anticipé et les raisons de communiquer ne manquent pas, Reconquête s’engage, participe aux débats, mène des actions militantes et sociales et en informe continuellement ses adhérents. 

Eric Zemmour a investi les nouveaux médias sociaux tel que TikTok, est-ce le meilleur moyen de faire passer ses idées ?

Les utilisateurs de TikTok sont les électeurs de demain. La présence d’un parti politique sur ce type de réseau est indispensable, surtout quand il s’agit d’un réseau gangrené par la gauche. Il ne faut pas non plus oublier que Reconquête est né grâce à la jeunesse.

Selon votre expérience, quel est le meilleur support pour faire passer un message politique (photos, vidéos, textes) ?

Tout est bon pour faire passer un message politique et chacun le reçoit selon sa sensibilité. Durant la campagne présidentielle, Eric Zemmour a excellé dans sa communication audiovisuelle. Mais il faut prendre garde à ne pas se contenter de ce type de communication de surface. On peut se permettre beaucoup de chose en campagne électorale, mais en temps normal, l’émotion passe et seuls les actes comptent. Reconquête l’a compris assez vite. Pas de vaines promesses, pas de nostalgie compromettante, pas de réactions compulsives, on communique quand il faut communiquer. Mais pour répondre plus précisément à la question, je crois beaucoup à la force des mots. Pour la solennité de l’exercice et du verbe, déjà. Et parce que la politique n’est pas qu’affaire d’esthétisme, justement.

Pour vous, qu’est-ce qu’une femme de droite ?

C’est une femme qui prend les armes. Mais contrairement à Sandrine Rousseau, qui ne les utilise pas contre elle-même. La femme française a un devoir de transmission. Je ne fais pas partie de celles qui considèrent que « toutes les femmes doivent se marier et avoir 5 enfants pour repeupler la France », ce n’est pas mon combat. Je crois que nous sommes toutes appelées à porter le joug et les triomphes de notre Histoire, à nous engager, à nous inspirer de Jeanne d’Arc, à prendre des risques… Je crois que nous avons le devoir de combattre le wokisme et l’islamogauchisme, cette fusion monstrueuse et tellement incohérente qui prétend libérer la femme au nom de la République et la soumet aux dogmes islamiques. La femme de droite, c’est celle qui prend son pays pour amant.

Propos recueillis par Théo Dutrieu.

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