Julien Aubert est député Les Républicains du Vaucluse et Président du mouvement gaulliste Oser la France.
Pour la première fois depuis la fondation de la Vème République, la Droite a été éliminée du second tour d’une élection présidentielle et a poursuivi la plus longue cure d’opposition de son histoire. L’élection d’Emmanuel Macron en 2017 a mis la droite au tapis. Depuis lors, elle se reconstruit, avec une nouvelle équipe à la tête des Républicains ou sur la liste LR aux Européennes. Selon moi, l’avenir est limpide : elle doit désormais se réinventer ou disparaître. Les écueils sont cependant nombreux sur la route.
Premier écueil : La Droite doit se réinventer, mais elle doit le faire, sans la Gauche, qui a disparu. Faute d’adversaire traditionnel, cela rend l’exercice complexe car on ne peut pas se limiter à du ripolinage ou une pensée pavlovienne. Or, Macron n’a pas créé un vrai clivage idéologique, mais sociologique. Il a attiré à lui tous ceux – de gauche comme de droite – qui plaçaient leur intérêt économique au dessus des clivages politiques, en validant une politique d’inspiration néoliberale, favorable à la baisse de la taxation sur le capital mobile, et à une adaptation à la mondialisation. Par certains aspects, il a renoncé aux vieilles lunes socialistes qui faisaient l’objet d’un repoussoir instinctif pour notre électorat. Tant mieux : cela nous oblige à rentrer dans son logiciel néolibéral, mondialisant et déraciné pour distinguer ce qui ne peut pas relever de notre vision de la société.
Trois questions se posent désormais à nous : quel progrès voulons-nous sans être « progressistes » ? Quelle identité voulons-nous sans être identitaires ? Quelle liberté voulons-nous sans être mondialisateurs ou libertaires ?
La Droite doit ensuite trouver un chemin pour parler à tous les Français et pas seulement à son socle électoral traditionnel. En effet, depuis 2007, nous avons perdu un gros tiers de notre potentiel électoral. Les classes populaires nous ont quitté pour le RN, de même que les jeunes ou les indépendants. Les chefs d’entreprise et les cadres ont été séduits par Macron.
Cela suppose de trouver une politique de rassemblement, qui permette de réconcilier la France qui vote Macron et la France qui vote Le Pen, la France urbaine et la France périphérique, la France diplomée et la France moins diplomée. C’est cela, ou disparaître dans le gouffre créé par cette opposition. Il s’agit moins de parler ici de la « Droite de demain », que de la « France de demain ».
Pour la Droite réinventée, cela veut dire résister à ceux qui pour se sauver du gouffre veulent éviter de questionner qui nous sommes, en proposant des alliances permettant de rejoindre l’une ou l’autre des France. Leur obsession est de survivre à tout prix, quitte à perdre notre identité intellectuelle et politique. Soyons clair : l’union automatique avec le centre peut conduire à réintroduire le gène macronien dans la Droite, même si tous les centristes ne se ressemblent pas.
L’union fantasmée avec l’extrême-droite (pudiquement appelée union des droites) conduit à mélanger ceux qui refusent la République multiculturelle et ceux qui refusent la République multiethnique, ceux qui sont eurocritiques et ceux qui sont anti-européens, les patriotes et les nationalistes.
La voie de la Droite de demain c’est de penser une nouvelle « Union sacrée » sur un projet alternatif à celui de Macron : la souveraineté de la Nation, un Etat stratège et aménageur, une culture nationale d’assimilation et une volonté forte de dépasser les clivages lorsque c’est nécessaire dans l’intérêt supérieur de la nation et des français. C’est aussi d’assumer que l’important n’est pas de gagner l’élection mais de restaurer la confiance dans la démocratie en ayant les idées claires une fois au pouvoir. C’est enfin défendre le peuple contre les intérêts communautaristes, corporatistes et particuliers.
A Oser la France, mouvement gaulliste et patriote que j’ai créé et que je préside, nous pensons que le gaullisme est toujours d’actualité et nous offre un logiciel de contre-attaque. Alors, en avant !
Julien Aubert