La culture du « dé »
La culture du « dé »

La culture du « dé »

C’est à travers le sport-extirper la France du Tour-, les traditions -brûler Noël du sapin-, qu’on entrevoit une volonté de détruire la culture, de vider l’A.D.N. de la France, de sa substance. La déconstruction apparaît au grand jour par cette vitrine municipale. Nous pouvons nous interroger sur la manière d’incarner la fonction de maire, fraîchement élu. Il y a, soit une forme de maladresse par un militantisme toujours en campagne, soit une radicalité remettant tout en cause.

Nous parlons bien des premiers magistrats de la troisième et neuvième ville de France, qui ont été élus, il y a quelques mois, par la pire faiblesse de la démocratie : La démobilisation, l’abstention. Sans compter, la ville de Grenoble et son inénarrable maire dont l’immobilisme face à la « désobéissance civile » pour le port du burkini à l’intérieur d’une piscine municipale est pétrifiant. Ces maires verts dont la ligne rouge est principalement axée sur le « projet Bien vivre. », n’ont pas l’air d’être des bons vivants. Être terrestre ou être non terrestre, telle est la question ? Ainsi se définit l’éloge de l’insignifiance proclamant avoir réinventé le bonheur bercé par la radicalité écolo-gauchiste. Lorsque l’homme ne reconnaît plus l’homme pour ce qu’il est, il n’y a plus aucune raison de le traiter comme un être humain qu’autrement que comme une chose. C’est ainsi une des armes de subversion.

Toujours dans la plus grande ville du Rhône, ce qui est plus préoccupant, s’illustre par le télescopage de son maire Grégory Doucet, faisant le choix de bouder la cérémonie du « vœu des échevins » au nom de la laïcité, et posant la première pierre d’une mosquée deux jours après, en revendiquant la liberté de conscience. Nous pouvons y voir une conception flexible de la laïcité, de sa laïcité, qui traduit une dérive « islamo-gauchiste ».

Et lorsqu’une représentante syndicaliste de l’UNEF intervient en commission à l’Assemblée Nationale en portant le hijab, nous devons-nous questionner ?

L’UNEF, syndicat étudiant classé à gauche historiquement, ce qui peut en dire long sur les liens qui unissent une certaine gauche avec l’islam politique pour ne pas dire l’islamo-gauchisme. Qui fera-t-on croire, que le voile porté par la vice-présidente de l’UNEF n’est qu’un signe religieux ? Les réponses quant à elles restent déstabilisantes, tant nous pouvons arrêter le débat sur le respect du règlement au sein du palais Bourbon, qui n’est que la forme. Néanmoins, le débat de fond s’exerce sur le cœur de l’Assemblée Nationale qui porte des valeurs et doivent être respectées et appliquées. Mais où est le parti socialiste, où est la France Insoumise, où sont ces représentants de la République ? Le courage les poussent-ils à braver le danger qu’une frange communautaire risque de se sentir stigmatisé et rompre encore plus le lien avec la République ? L’esprit munichois ne peut pas y répondre, en jouant parfaitement son rôle. Peu de médias s’emparent du sujet à l’instant t, synonyme d’une société qui choisit ces victimes, et d’une complicité intellectuelle.

Malheureusement, il s’agit bien d’un militantisme qui instrumentalise l’islam à des fins sociétales. Cependant, la stratégie de la chaise vide de la part de certains députés LR et LREM est-elle la meilleure des réponses? Même si elle a une valeur symbolique, un représentant de la République ne doit pas s’éclipser face à l’identité que peut représenter le port du hijab, qui va au-delà de la religion, mais s’apparente à une métaphore d’un islam salafiste très dur découlant d’un islam politique. La question s’oriente principalement sur le message politique de cette représentante de l’UNEF, se soumet-elle aux lois de la République ou aux lois de Dieu ? Et cette interrogation doit aller plus loin et porter sur l’ensemble des protagonistes, car elle nous touche intrinsèquement tous ?

Le bouclier de la laïcité ne peut suffire face, non pas à un signe religieux, mais bien à un signe politique. La réponse étouffée de Jacques Boutault, maire-adjoint EELV à Paris ; « Si un bout de tissu met à mal les fondements de la République, c’est que notre République est bien malade », traduit un aveuglement volontaire, sans aucune réflexion. La platitude bat son plein, jusqu’à ne pas reprocher à l’aveugle de ne pas voir. La démagogie, recherche constamment les faveurs du peuple pour obtenir le plus de suffrages.

« L’entrisme islamiste » fait son œuvre, au sein des Universités par les mouvements indigénistes, dans les hôpitaux dénoncés et combattus par Patrick Pelloux, au cœur de la fonction publique, à la RATP…Les tensions communautaristes rongent l’entreprise publique. Il s’appuie sur cette conception anglo-saxonne de l’espace public où la démocratie est un espace neutre et surfe sur ce message trivial tout autant qu’idyllique : « Venez comme vous êtes », or en France, la République n’est pas un régime neutre, elle impose des valeurs.

C’est au cœur des Universités, le poumon du savoir, que des groupuscules structurés détournent le travail scientifique en propagande idéologique avec cette volonté de noyauter le monde universitaire. Il y a une empreinte puissante de déstabilisation qui touche aujourd’hui des pans entiers des institutions françaises et de la société (syndicats, partis politiques, associations, institutions culturelles…). Une subversion qui gangrène aujourd’hui jusqu’au gouvernement. Gustave Lebon le résume justement :« L’anarchie est partout quand la responsabilité n’est nulle part ».

Qu’en est-il de celles et ceux qui étaient Charlie ? Où plutôt, qui est encore Charlie aujourd’hui ? Alors que nous sommes en plein procès des complices des barbares de la tuerie de Charlie Hebdo. La montée des idéologies de la déconstruction fait table rase de la culture, de l’histoire, de ce qui a construit le pays, de ce qui nous rassemble. L’ignorance tue, pour paraphraser Kofi Annan :  « C’est l’ignorance et non la connaissance qui dresse les hommes les uns contre les autres ». Et s’en prendre au statue relève de cet appauvrissement culturel, de cette société en manque de repères.

On ira, sans doute, m’insulter d’islamophobe, ce nouveau terme à la fois réducteur et ambiguë qui n’est que le reflet de l’aveugle qui se regarde dans un miroir. Ni peur, ni haine envers l’Islam et les musulmans anime cette tribune, mais le combat contre le fondamentalisme, contre l’obscurantisme, contre cette attitude qui consiste à refuser les acquis de la connaissance, de la raison et du progrès, alors que nos libertés reculent.

Le plus inquiétant, réside dans la cécité consentie, le renoncement au discours laïc et républicain censé être défendu par le personnel de ces institutions. Ils se rendent sans combattre, abdiquent comme des victimes face aux ennemis de la République qui se présentent comme progressistes issue de la culture du « dé »,en véhiculant ces idéologies dont le suffixe substantif se termine en iste : les racialistes, anti-racistes, indigenistes, féministes, LGBTiste, déboulonniste… en somme « les sentimentalistes ». Certaines justes causes ont dérivé en luttes sans merci. Pourtant, la génétique contemporaine montre que la notion de race est pour le moins floue et qu’elle n’a aucune réalité objective. Il est heureux également que l’ethnologie nous ait fait découvrir la relativité de nos jugements et l’avantage, en fin de compte de la rencontre des cultures.

La déconstruction de Jacques Derrida est présente, sous cette forme d’américanisation des opinions, consistant à une démarche reprise souvent abusivement par les universités américaines, où elle consiste souvent à dénoncer les préjugés idéologiques (culturels, sexistes, etc) à l’œuvre dans les textes de la tradition occidentale. La fin du débat, la mort de la nuance, l’ensablement de l’être humain. Le plus grand danger serait de réussir à une convergence de ces multiples luttes, d’aboutir à rassembler, malgré toutes les incompatibilités et les contradictions, chacune de ces mouvances idéologiques. Il ne serait plus alors question de déconstruction, mais bien de dévastation de la condition humaine, d’un épuisement de l’idéal, de la petite mort du « cogito ».

La dénaturation, la désinstruction, la démission, la culture du « dé », doit nous faire réagir. L’universalisme doit triompher face à l’essentialisme et au communautarisme et la loi contre « le séparatisme » devra être une loi qui affirme les valeurs républicaines. « Guérir les cœurs empoisonnés » (Camus) ne se résume pas à une question d’identité, mais avant tout de citoyenneté. La République n’est rien si elle ne tient pas les promesses de la République.

André Missonnier

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