Mis en ligne le 30/08/2019.
Que peut-on apprendre du cas israélien pour relancer la droite française ?
En prenant un peu de recul, on trouve une particularité intrigante en ce qui concerne le système politique français. Tandis que dans nombreux pays du monde, la droite se trouve en position de force sur les échiquiers politiques locaux, la droite française est actuellement en pleine crise.
Personnellement, en tant qu’Israélien qui fait actuellement ses études à Paris, cette situation est plutôt inhabituelle, vu que dans mon pays d’origine la droite est au pouvoir depuis 2009. Cependant, j’arrive à trouver aussi un point commun entre les systèmes politiques de ces 2 pays, car la difficulté de la droite française à revenir au pouvoir me rappelle celle de la gauche israélienne.
Le système électoral israélien
Le système électoral israélien, un régime parlementaire basé sur la proportionnelle, est très simple. Il n’y a qu’une circonscription, qui inclut l’intégralité du pays, et toutes les listes qui se présentent aux élections sont représentées au parlement selon le pourcentage de voix qu’elles ont obtenu. Vu qu’il y a au total 120 élus, il est donc nécessaire d’avoir une majorité d’au moins 61 députés afin de former un gouvernement.
En Israël, aucun parti n’est jamais arrivé à dépasser seul ce seuil et donc tous les gouvernements, sans exception, sont basés sur des coalitions entre plusieurs partis
Et c’est là qu’on arrive à l’essentiel – pourquoi la gauche Israélienne a-t-elle plus de mal à former une coalition que la droite et que pouvons-nous apprendre de ce cas pour relancer la droite française ?
Résultats des dernières élections en Israël (Avril 2019)
Le schéma suivant a été créé spécialement pour vous afin de visualiser la composition actuelle du parlement israélien.
Certes, suite aux dernières élections, la droite est majoritaire (65 sièges contre 55). Néanmoins, on pourrait croire que si la gauche avait obtenu 6 élus de plus, cela aurait pu être suffisant… De plus, si l’écart avait été plus serré, comme il s’est passé par exemple aux élections de 2013 (61-59 en faveur de la droite) – est-ce-que la gauche aurait vraiment été plus proche d’arriver au pouvoir ? Non !

En réalité, le schéma précédent, semblable aux divers schémas qu’on peut trouver souvent dans la presse israélienne, cache le vrai problème de la gauche dans ce pays : Il y a dans le côté gauche un bloc de 10 élus (ils étaient 13 aux élections en 2015) issus de 2 listes qui, même s’il y a entre elle certaines petites divergences, ont un grand dénominateur commun : elles ne sont pas prêtes, en aucun cas, à prendre part activement au jeu politique et à rejoindre une majorité gouvernementale. Ce sont les listes des partis qui se réclament être les représentants de la minorité arabe vivant en Israël.
Cela veut dire que l’écart entre la droite et la gauche est en réalité de 65 contre 45 suite à ces dernières élections !

Conclusion
Le système politique français est très différent de celui de l’Etat hébreu. Cependant, le fait que le système politique israélien soit basé sur la proportionnelle permet de bien visualiser la situation, une situation parallèle à celle de la droite chez nous.
Explication : en consultant les résultats obtenus par les listes françaises aux dernières élections européennes, on s’aperçoit que 37.83% de l’électorat se trouve à la droite de La République en Marche, 22.42% au centre et 32.45% à la gauche du parti présidentiel.
Mais tandis que tous les partis du centre et tous les partis à la gauche de LREM sont des acteurs légitimes, à la droite de LREM, une grande partie des 37.83% sont hors du jeu. Il ne nous reste donc que 14.49% dès qu’on retire les 23.34% obtenus par le Rassemblement National, qui ne fait pas partie, a juste titre, du jeu politique des alliances électorales.
Voilà le problème qui bloque vraiment la droite française ! Ce n’est qu’au moment où nous arriveront à attirer les électeurs du RN partageant les valeurs du parti Les Républicains que nous arriverons à revenir au pouvoir. Il ne s’agit pas évidement de faire une alliance avec Marine Le Pen ou avec son parti, mais d’amener vers nous les électeurs votant RN comme acte de protestation ou de désespoir, et non par conviction.
Lenny Namolaru