Depuis quelques jours, les habitants de la « Ville Lumière » peuvent respirer, une police municipale outillée est venue rétablir l’autorité. En vue de lutter contre les crimes, viols, vols et affiliés, les premiers agents sollicités disposent chacun d’un tonfa, d’un gilet pare-balles et d’une bombe lacrymogène pour garantir leur sécurité…
Railler cette innovation d’Anne Hidalgo, maire de Paris, est presque blâmable et contraire à la bienséance. Et pourtant, tel serait le projet de cette dernière : celui de voir, par cette nouvelle police municipale, son aînée nationale s’attaquer plus intensément à la délinquance. En réalité, cette décision concrétise un certain laxisme, lequel est à l’unisson avec labien-pensance.
« Nous ne voulons pas de confusion entre ce que fait la police nationale et ce que fera notre police municipale », dira Nicolas Nordman, adjoint parisien en charge de la prévention et de la sécurité. Mais dans les idées et dans les faits, une police municipale parisienne désarmée, c’est une police nationale conspuée.
Le premier adjoint Emmanuel Grégoire ira d’ailleurs plus loin dans l’argumentaire en affirmant qu’armer la policenouvellement créée serait constitutif d’un risque, celui de voir la police nationale se désengager de certaines missions. À l’heure où nombre de policiers à Paris sont sous-dotés, hués, agressés, parfois tués, en manque d’effectifs et dans certains endroits : captifs, la Mairie de Paris prétend que les uns pourront remplir leur devoir avec les armes nécessaires, pendant que les autres auront à disposition des outils débonnaires.
Le jusqu’au-boutisme antimilitariste du « camp du bien »
Ce choix de désarmer des policiers est donc dramatique au moment où la capitale connaît l’ensauvagement. Mais au fond, il constitue pour une partie de la gauche l’achèvement d’un long et intégral processus de désarmement. Ses serviteurs y voient une société tolérante et pacifiée, nous autres y voyons les prémices d’une cohésion sociétale décadente et dilacérée.
Désarmer l’État et son autorité, désarmer le legs de la Nation ou de son Histoire, désarmer la famille, désarmer la religion, désarmer l’Homme blanc parce qu’homme et blanc… et j’en passe et des horreurs. Le couronnement de l’entreprise réside, aujourd’hui, dans le désarmement de ceux qui peuvent encore incarner et défendre l’autorité à Paris : les policiers.
Entre Jean-Luc Mélenchon qui traite nos forces de l’ordre de « barbares » (tout en soutenant par ailleurs NicolásMaduro, exemplaire président du Venezuela quant au comportement de ses policiers, c’est bien connu !), et Philippe Poutou, qui affirme que la « police tue », la gauche modérée a trouvé la symbiose élégante : la mise en place de policiers municipaux, mais sans moyen substantiel de défendre les Français ni même d’assurer leur propre intégrité, dans une ville endiablée et où règne l’insécurité.
Désarmer nos défenseurs ou cautionner une naïve gageure :
Nombreux sont les actes de barbarie ayant affecté des concitoyens – et ainsi notre Nation – qui ont démontré que les assassins, criminels et terroristes islamistes ne faisaient pas de distinguo entre les uniformes : qu’il soit de la police nationale ou municipale, le policier est agent de l’État, représente l’autorité et défend les Français, c’en est trop pour les premiers.
Dans un article du 9 septembre dernier, Le Figaro a révélé les derniers chiffres de la délinquance à Paris, transmis aux élus de la capitale par la Préfecture de police. Ils disent notamment que, dans la ville intra-muros et ses quelque 2,1 millions d’habitants, la police a comptabilisé plus de 19.000 agressions en six mois (+6 %), soit près de 110 affaires par jour et qu’elles ont conduit dans 20 % des cas à la mise en cause de mineurs ; que les violences commises à l’occasion d’un vol ont atteint plus de 1 400 faits (+27 %) en six mois et les violences sexuelles plus de 2 300 faits (+12 %) ; que les violences conjugales ont représenté plus de 6 400 affaires ; que les vols d’automobiles ont bondi (+11 %).
Alors certes, le rôle de cette police municipale ne nécessite pas, a priori, un recours aux armes puisqu’il s’agirait de veiller à ce que plusieurs règles soient mieux respectées comme les limitations de vitesse, le tapage nocturne, les jets de mégots, etc. Alors certes, on pourrait aussi objecter qu’une telle police libérerait la police nationale des affaires plus ou moins accessoires pour se dévouer aux grands maux de notre temps. Mais comment les policiers pourront-ils réagir lorsqu’ils seront attaqués par un individu forcené,lourdement armé ? Et comment les policiers pourront-ils intervenir promptement dès lors qu’ils constateront, devant leurs yeux, que leurs compatriotes auront leur vie mise en danger ?
Dans une époque où l’acte sauvage devient la norme, où l’impunité est érigée en modèle, où les porte-étendards de l’anarchie désirent substituer la violence civile à la violence légitime de l’État et où l’immigration non-maîtrisée accroît la délinquance et la criminalité en région parisienne, cette police municipale – pourtant dite « de proximité » – ne pourra donc aller au contact. La Ville Lumière n’a plus la lumière à tous les étages.
Au nom de la liberté et du droit à la sûreté, il nous importerait pourtant de rétablir la force publique. Il s’agirait, en cela, de respecter – dans sa vocation originelle – la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui en fait mention. Ceci passerait concrètement par une reconnaissance plus grande à l’égard de nos forces de l’ordre et donc en leur donnant véritablement les moyens d’exercer leur profession. Il est vrai que sans sécurité, il ne peut y avoir de liberté. Sans autorité et crainte salvatrice, il n’y a point de respect mais le délitement de la cohésion nationale et la bestialité.
À défaut, vouloir déconstruire toute forme d’autorité – étatique, physique, spirituelle et éducative – implique comme apogée funeste à moyen et long terme des forces de l’ordre désincarnées, lesquelles devront continuer à succomber à l’hostilité (c’est un euphémisme) de quartiers qui – au nom de leur rejet de ce qu’incarne la France – ont choisi la séparation, et devront continuellement subir les querelles autour des prétendues « violences policières » alors même qu’ils ne sont pas suffisamment armés pour mener à bien leur mission.
Désarmer les corps, désarmer les esprits… désarmer la police : Paris est décidément magique.
Romain Lemoigne
20 ans• Collaborateur parlementaire stagiaire• Membre des Jeunes Républicains• Étudiant à Sciences Po Rennes