Quel courage à droite ?
Quel courage à droite ?

Quel courage à droite ?

Mis en ligne le 03/08/2019.

Depuis maintenant plusieurs années, la droite ne fait plus rêver, n’attire plus et même, provoque un profond rejet. Elle ne fait plus rêver car elle n’a pas su proposer un idéal, un but de long terme vers lequel emmener les Français. Elle n’a pas su parler et défendre son projet de société quand elle en avait un car malheureusement, par peur de l’excommunication médiatique et bien-pensante, la droite a depuis longtemps renoncé à parler de la société pour ne finir que par proposer un catalogue de mesures, sans âme ni vision de long terme pour la France.

La droite finalement, depuis les années 2000 et le déclin du chiraquisme, n’a eu de cesse de se positionner idéologiquement uniquement par rapport à la gauche sans vraiment assumer une ligne de droite authentique. Cette absence de réflexions personnelles à la droite est d’abord liée à la police de la pensée médiatique orchestrée par quelques journalistes de France Inter ou de Libération, plus promptes à critiquer le supposé conservatisme de la droite qu’à dénoncer les injures du rappeur Nick Conrad. Elle est aussi liée à un manque de courage des dirigeants, actuels ou anciens de la droite française, qui n’ont pas su se détacher de cette pression médiatique, politique et culturelle qui les empêchaient de réfléchir et d’innover pour mieux se complaire dans cette paresse intellectuelle.

Nul besoin de réfléchir sur des idées, la gauche le fait pour nous, nul besoin de parler à la société ou de s’interroger sur son évolution, la gauche le fait pour nous. On a donc assisté à une prise d’otage intellectuelle de la gauche sur la droite. Ce phénomène est d’autant plus paradoxal que dans la France profonde, les idées de la droite sont plébiscitées quand dans les salles de rédactions parisiennes elles sont vilipendées pour mieux faire l’éloge des valeurs de la gauche. Quelle ironie !

Cette fuite des idées ne pouvait avoir qu’une issue qui, au fur et à mesure des années devenait inéluctable. Faire fuir les électeurs, désireux de clarté puis in fine les militants, lassés de ces traîtrises innombrables aux valeurs essentielles de la droite. La liberté économique tout d’abord, sacrifiée sur l’hôtel de l’hyper-étatisme français dont la droite a contribué en refusant de faire une partie des réformes aujourd’hui enclenchées par Emmanuel Macron. Les classes populaires et les agriculteurs furent ensuite les deuxièmes victimes des multiples renoncements de la droite. En se soumettant aveuglément à l’Allemagne et à l’Europe en refusant de défendre la PAC, de protéger nos entreprises nationales, nos dirigeants ont précarisé nos ouvriers/salariés/agriculteurs, les poussant parfois au pire. Ensuite la troisième victime de la lâcheté de la droite fut l’ordre républicain et la laïcité. Quand des élus de droite acceptent le communautarisme, les zones de non droits et le fondamentalisme islamiste par calcul électoral, ils trahissent l’engagement du général de Gaulle qui visait à faire une France pacifiée et unifiée autour de valeurs communes sans compromissions aucunes. Enfin la famille et in fine la société entière fut la dernière victime des renoncements de la droite. En ne défendant pas plus ardemment une vraie politique de la famille avec le quotidien familial, les bourses scolaires ou encore une Éducation nationale qui remet au centre de sa politique les savoirs fondamentaux et la réussite par le mérite. Aujourd’hui, une partie de ses réformes sont effectuées par Jean-Michel Blanquer et plaisent à la droite comme en témoigne sa forte cote de popularité à droite. Les sujets de bioéthique aussi ont été abandonnés partiellement par la droite qui y a vu l’occasion de se racheter une bonne conscience aux yeux de la gauche.

Un philosophe disait « Être minoritaire ne signifie pas avoir tort ». Une partie de la droite a remplacé cette maxime par « Être minoritaire signifie forcément avoir tort ». Ce mode de pensée a conduit les responsables successifs à changer de ligne politique après chaque défaite électorale, à abandonner la réécriture du mariage pour tous, la PMA et la GPA et les sujets comme l’évolution génétique, oubliant au passage sa vocation de défenseur du faible face aux puissants, face aux évolutions brutales de la société. Le camp des destructeurs de la société a profité de cette faiblesse pour accélérer la vitesse de sa funeste œuvre de démolition de la famille comme structure originelle de la société en mettant en place la PMA et en banalisant la GPA. Nous payons cher ces lâchetés : défaites électorales et donc mort lente de la droite.

En se perdant dans les méandres des querelles intestines, de la guerre des chefs, la droite s’est irrémédiablement éloignée du peuple et de son quotidien. En ne parlant plus qu’à certaines catégories de la population et excluant donc in fine des personnes de son discours, nos dirigeants successifs se sont enfermés dans une bulle. Celle-ci est aujourd’hui prête à exploser et la droite républicaine avec. Un sursaut de courage et de volonté politique est nécessaire et vite pour sauver ce qui peut l’être ! L’heure n’est plus à la reconstruction d’un énième parti/mouvement qui rassemblerait le centre et la droite mais à l’affirmation de nos valeurs et des idées qui ont fait la droite. Si aujourd’hui la droite orléaniste s’est trahie en allant chez les « progressistes » et adoptant un discours libéral-libertaire alors charge à nous de faire renaître une vraie droite, authentique et fière de ses valeurs qui ne se compromet ni chez Macron ni chez le Pen. Aux militants, sympathisants ayant déserté le parti et même la droite en elle-même pour se tourner vers l’abstention ou vers d’autres formations politiques, nous leur disons de faire renaître droite que tant d’entre-eux appellent de leurs vœux.

Aujourd’hui face à un parti unique qui veut l’hégémonie et le RN comme seul adversaire, face à la gauche des écolos-bobos subjuguée par l’ idéologie progressiste venant d’outre-Atlantique, à nous d’engager la renaissance d’une droite aujourd’hui en phase terminale mais dont la France n’a paradoxalement jamais eu autant besoin.

Victor Bonnin

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