L’incapacité d’une société à déterminer clairement ce qu’elle veut ainsi qu’à réaliser ce qu’elle décide, aboutit à ce que je désigne comme étant un ventre mou social.
Situation qui, malheureusement, concerne notre propre société.
Nous assistons à un double recul en France : celui du pouvoir exécutif, de moins en moins capable de réformer et celui de la citoyenneté, qui brille par son absentéisme électoral, mais aussi par une perte de sens du collectif.
L’individualisme gagne du terrain et chacun détermine « sa vérité », à partir de ses envies, en s’appuyant sur des informations médiatiques à interprétations multiples.
Un véritable dérapage de la raison pour le plus grand nombre, qui sombre dans la réaction instinctive du « j’aime… je n’aime pas ».
L’égo prend le pouvoir, aux dépens des repères sociaux et des valeurs morales qui permettent à une société de se renforcer, en menant à bien de véritables projets populaires.
Il s’agit bien, pour tous ceux qui en furent témoins, d’une dégradation progressive de la citoyenneté, dont l’origine coïncide avec le début de la société dite de consommation.
Depuis les années 50, le citoyen devenu consommateur, ne cesse de renforcer son autonomie par toutes les formes d’avancées technologiques, associées à une notion de progrès qui consiste, principalement, en une réduction d’effort, accompagné d’une augmentation de plaisir.
Au fil du temps, le consommateur devient plus indépendant par les moyens dont il dispose. La société lui est moins indispensable et, parfois, limite un peu trop à son gout ses libertés. Cela le conduit, de plus en plus, à contester l’autorité de l’État en général et de l’exécutif en particulier. Mai 68 en est le 1er révélateur avec son slogan dominant « il est interdit d’interdire ». Oui, tout interdit devient liberticide…
Chacun pense au nom du peuple et il revient à la société de s’adapter à lui. Les réseaux sociaux en sont le révélateur.
La cacophonie s’amplifie, servie par une médiatisation insatiable qui privilégie le sensationnel et l’action des minorités. La majorité silencieuse y perd ses repères et son latin.
Il n’est jamais trop tard pour en prendre conscience, par une puissante action de communication qui renvoie à chaque citoyen le danger auquel il participe qui, à terme, ferait son malheur.
Thomas Rollin