Stéphane Le Rudulier est sénateur des Bouches-du-Rhône et orateur régional PACA de la campagne de Valérie Pécresse.
Durant le Congrès LR, vous vous êtes engagé auprès d’Éric Ciotti en étant son porte-parole, pourquoi ?
Je me suis engagé auprès d’Éric Ciotti parce que le projet politique qu’il portait me paraissait le plus cohérent, et le plus conforme et le plus en adéquation avec la nécessité urgente de réformer en profondeur notre pays après dix années de présidence Hollande – Macron.
C’est un programme de rupture, audacieux et complet dont la France a grandement besoin essentiellement en ce qui concerne les compétences régaliennes que sont la justice, la sécurité, l’immigration et l’identité. Il représente les idées d’une droite forte, celle de Nicolas Sarkozy, de François Fillon ou encore celles proches de Laurent Wauquiez ou Bruno Retailleau.
Éric Zemmour fait de nombreux appels de pied aux électeurs d’Éric Ciotti au Congrès LR en déclarant qu’ils partagent les mêmes idées, êtes-vous d’accord ?
Si on peut partager avec lui certains constats sur le diagnostic de la France ou certaines craintes le déclin de notre civilisation, je ne pense pas qu’Éric Zemmour ait un projet politique crédible pour redresser la France. Il y a beaucoup d’angles morts dans son projet notamment dans les domaines économique et sociétal (alors même qu’on connait l’intérêt que les Français portent à leur pouvoir d’achat), mais aussi dans d’autres secteurs : aujourd’hui qui est capable de dire ce que propose Éric Zemmour en matière de jeunesse et d’éducation ?
Par ailleurs, au regard de nos institutions, un homme seul, sans équipe, peut-il réformer la France ? Non, je ne le pense fondamentalement pas.
A l’inverse, Valérie Pécresse dispose du soutien de toute une famille politique derrière elle, toute une famille politique qui regorge d’hommes et de femmes d’expérience et de talents. Et c’est ce qui fait sa force ! Et c’est aussi ce qui me fait dire que nous avons certainement la meilleure équipe de France !
Aujourd’hui, les sondages font ressortir que l’élection présidentielle sera très serrée entre quatre candidats, quelle est votre analyse sur la suite de cette élection ? Qui semble être en mesure de battre Emmanuel Macron ?
En premier lieu, je tiens à rappeler que nous ne sommes qu’au début de cette campagne qui sera très intense, voire éclaire, mais aussi inédite au vu des contraintes sanitaires qui pèsent sur cette campagne et qui obligent l’ensemble des candidats à véritablement faire preuve d’innovation dans les moyens de propagande et de communication vers nos compatriotes pour faire passer leur message.
En second lieu, je suis certain que la seule qui peut battre Emmanuel Macron au second tour, c’est incontestablement Valérie Pécresse ! Je pense que si elle pose deux ou trois marqueurs idéologiques forts, si elle met du lien entre ces multiples propositions concrètes pour la France en tissant un récit national, cela générera une adhésion et une vraie espérance. Alors, dans les prochains jours, j’en suis certain, la dynamique s’accélèrera véritablement et elle pourra se démarquer amplement de l’ensemble de ses concurrents.
Emmanuel Macron a décrit son bilan en matière de sécurité comme étant « positif », partagez-vous son opinion ?
Absolument pas ! Au contraire, je crois que c’est un des échecs des cinq années de mandat présidentiel d’Emmanuel Macron. Et d’ailleurs, toutes les statistiques relatives à la violence en France le démontrent : le nombre de coups et blessures volontaires a augmenté de 18% entre 2017 et 2022, les rixes entre bande ont augmenté de 60% depuis 2017, les agressions sexuelles de 38% et les agressions des élus ont été multipliés par trois depuis 2019. On peut dire sans se tromper que la violence sous toutes ses formes a littéralement explosé depuis 2017 ! Désormais, aucun territoire n’est épargné, même les départements les plus ruraux sont touchés aujourd’hui. Au regard de ces chiffres, on ne peut que déplorer l’échec d’Emmanuel Macron dans le domaine de la sécurité comme dans bien d’autres d’ailleurs.
Cette semaine, le Passe vaccinal a été adopté par le Parlement, vous avez voté « pour », pourquoi ? Pensez-vous que cette mesure peut répondre à la crise sanitaire que nous traversons ?
J’ai toujours eu l’intime conviction que le passe vaccinale n’était pas la réponse au pic épidémique du variant Omicron auquel doit faire face notre pays. Je déplore que la situation ait exigé l’adoption de ce passe vaccinal impliquant des contrôles d’identité effectués par des hôteliers, des sanctions administratives à l’égard des entreprises dont l’organisation ne respecterait pas les mesures sanitaires comme le télétravail. Je regrette également la communication du gouvernement qui est venu brouiller toutes les directives sanitaires adoptées : à la date d’entrée en vigueur du passe vaccinal, le Premier ministre annonce un calendrier d’allègement des restrictions sanitaires. Le message initial du Gouvernement qui était d’accompagner les personnes non vaccinées vers un schéma vaccinal complet, a totalement été brouillé par ces erreurs en matière de communication, mais nous avons pris nos responsabilités, et nous ne voulions pas transformer le vote du passe vaccinal en référendum sur la gestion de la crise sanitaire par le Gouvernement.
Vous êtes très attaché à la laïcité, est-elle aujourd’hui en danger ? Si oui, comment la défendre ?
Elle est en danger, bien sûr. On sent monter en France un communautarisme inquiétant, un séparatisme. Certains revendiquent d’ailleurs le fait que la foi serait supérieure à la loi c’est-à-dire que les règles édictées par certaines religions seraient supérieures aux règles de droit. Un sondage Ifop en décembre dernier relevait que 40% de lycéens estiment que les normes issues de leur religion étaient supérieures aux lois de la République ! Ce sondage est effrayant ! Il montre l’état d’esprit d’un certain nombre de personnes quant au respect des lois de la République.
Pour défendre cette laïcité, il faut absolument réaffirmer notre état de droit, notre cadre légal en envoyant des signaux très forts en termes de justice pénale et d’application des peines. Il est impératif qu’une personne qui ne respecte pas les lois de la République encourt une sanction proportionnée à l’infraction commise avec la certitude de l’exécution de la peine prononcée. Une sanction ne peut pas être préventive si elle n’est jamais effective !
Vous avez dit favorable à une « Europe des Nations » en dénonçant les intrusions normatives de l’Union Européenne et ses manquements, concrètement quelle position la France doit-elle adopter vis-à-vis de Bruxelles ?
La France doit clarifier sa position vis-à-vis de l’Union européenne. Depuis plusieurs années maintenant, un débat s’est installé entre la France et Bruxelles sur le fait que les normes européennes seraient supérieures à notre loi fondamentale et aux lois de notre République.
Les directives adoptées ou les décisions rendues par les juridictions européennes sont parfois contraires à la volonté du législateur français, notamment dans des domaines purement régaliens comme la justice, la défense ou encore l’immigration. Dès lors, il faut réaffirmer la primauté du droit interne sur le droit européen sur des sujets aussi capitaux pour le devenir de notre pays et plus largement de notre civilisation. C’est la raison pour laquelle je pense qu’une réforme constitutionnelle est indispensable en modifiant notamment l’article 55 pour réaffirmer la primauté de notre droit. Cette réforme constitutionnelle est à mettre en œuvre d’urgence pour recouvrer une vraie liberté sur ces sujets. Je précise que l’idée n’est pas du tout de faire un Frexitmais de garder notre indépendance et notre liberté de pensée et d’agir vis-à-vis de nos partenaires européens, au moins sur ces sujets régaliens.
En cas de victoire de Valérie Pécresse et des Républicains en avril prochain, quelle est la problématique qui vous semble prioritaire à traiter ?
Il me semble que la priorité serait de remettre de l’ordre. Remettre de l’ordre dans l’espace public en assurant l’effectivité des peines, en maîtrisant notre immigration, remettre de l’ordre dans nos finances et dans nos comptes publics en jugulant la dette, remettre de l’ordre à l’école en restaurant l’autorité du professeur qui enseigne et transmet un savoir. C’est un bon fil conducteur pour la campagne de Valérie !
Propos recueillis par Théo Dutrieu pour la droite de demain.