Depuis quelques mois l’orage gronde et les passions éclatent : l’élection suprême approche et les candidats putatifs sont dans les starting blocks. A droite il y en a pour tous les goûts, manifestement un peu trop pour faire l’unanimité. Mais l’unanimité est-elle souhaitable ? Après bientôt cinq années de « en même temps », le consensus et le politiquement correct semblent avoir lassé. Dans ce lot de concurrents qui fait penser au jeu des 7 familles – les auto-exilés LR, les candidats de convictions, ceux qui se satisferont d’un 5% à la primaire parce qu’il faut « être dans la place », les charismatiques, les prestigieux, les tièdes ou les authentiques – beaucoup de cinquantenaires mais pas de grand champion en vue…
Les français de droite – il y en a plus que de gauche c’est devenu une certitude quasi-scientifique – attendent désespérément l’élu de leur cœur, celui qui emmènera les foules, tel un haltérophile prêt à desserrer l’étau EM / MLP dans lequel nous sommes entrain de rétrécir à vue d’œil, au même rythme que nos idées s’étriquent. Nous sommes tous d’accord sur ce constat mais, par pitié… mettons-nous en ordre de bataille et essayons, collectivement, d’arrêter de cracher dans la soupe ! Attendons sagement que les régionales aient eu lieu pour faire nos pronostics, ne ramenons pas tout à l’’affaire Muselier’ et soyons responsables car nous jouons à un jeu dangereux. Il est urgent de nous taire, et de patienter… au moins jusqu’à la fin du mois de juin… Tout s’éclaircira alors, souhaitons-le en tout cas.
Ne nous référons pas systématiquement au passé pour analyser la situation actuelle : les anachronismes nous tuent à petit feu. Ne regardons ni 70 ans en arrière – la France du Général -, ni 40 ans – Mitterrand et le début de la fin -, ni 15 ans – le karcher qui devait jaillir mais qui est tombé en panne – , ni encore en 2017 – le costume et ‘les petites anglaises’ qui auraient mieux fait de rester au placard. Par pitié, ne rejouons pas le match en permanence : entre ceux qui trouvaient que Wauquiez était trop à droite et qui pensent aujourd’hui que Jacob est trop au centre ; ceux qui rêvent la fin d’un clivage gauche-droite au profit d’une opposition ‘progressistes’ versus ‘patriotes’ ; ceux qui voudraient que l’on diabolise le RN pour l’éternité ou ceux qui penchent « raisonnablement » pour une union des droites…
Ce qui nous gangrène, c’est que nous devenons des consommateurs de la scène politique : nous sommes en danger mais nous vivons sur nos acquis tels des bourgeois confortablement installés, dans une forme d’assistanat intellectuel, branchés en permanence, biberonnés aux réseaux sociaux, ajoutant des commentaires stériles aux analyses bas de gamme et inutilement défaitistes, nous excitant pour un oui ou un non comme des enfants gâtés, dégainant des tweets qui sont en réalité autant de balles que l’on se tire dans le pied. N’attendons pas un champion qui incarnerait nos idées mais DEVENONS – chacun de nous – les meilleurs ambassadeurs qui soient : en conseil municipal, à l’apéro, au club house, dans la queue de la boulangerie, chez le coiffeur, au PMU qui vient de rouvrir ou à la plage, les lieux d’expression ne manquent pas. Arrêtons de jouer les opprimés car la réalité, c’est que nous avons honte de crier haut et fort que nous sommes de droite et ce depuis la fin de l’ère Sarkozy, quand l’île de Ré, les rolex et Carla Bruni ont cessé d’être tendance au profit des AMAP dans le Perche et des chèvreries en Ardèche.
Mais, vous me direz, qu’est-ce qu’être de droite aujourd’hui ? Qu’est-ce qui nous rassemble ? Quelles sont nos valeurs partagées ? Dans la kyrielle de chapelles et de sensibilités représentées au sein de cette grande famille, quelle est notre colonne vertébrale ?
Courage, liberté, fermeté, autorité, engagement, amour de la France, éducation, transmission, convictions : élus locaux et nationaux, militants, rappelons-nous pourquoi nous nous sommes engagés !
Ne fuyons pas, n’abandonnons pas nos cartes d’adhérents à grand renfort de coups de com’ mais au contraire rassemblons-nous.
Ne soyons pas ces fidèles dévots un peu rances retranchés dans des chapelles ennemies, certains que notre ligne est la meilleure, la plus légitime ou la plus représentée. Ne parlons pas que de business et d’économie car la France n’est pas une boîte comme une autre, ne soyons pas non plus obsédés par la question identitaire, mais redisons à voix haute ce qui nous anime au plus profond, quelle est notre vision de la nation, quelle est la place de l’homme ; philosophons !
Ayons de la hauteur de vue mais n’intellectualisons pas trop les débats, restons pragmatiques sans devenir consensuels ou démagogiques.
N’essayons pas de nous rattacher coûte que coûte à un carcan idéologique, à un cadre théorique, un néologisme à la mode ; soyons nous-même !
Briguons des mandats, n’attendons pas de connaître le résultat d’une élection pour décréter – au doigt mouillé – s’il est opportun de se présenter à la prochaine.
Occupons le terrain et partons au combat !
N’ayons pas peur d’assumer une étiquette politique, car on préférera toujours une colonne vertébrale bien musclée à un ventre mou, et puis on finira toujours par nous rétorquer que de toute façon on est « tous pourris »…
Soyons fiers comme des paons et arrêtons de nous excuser ! Ne soyons pas dépités, blasés, aigris, bandons-nous les yeux quand les sondages sortent et attendons sagement le verdict des urnes.
Soyez accessible, exprimez-vous, ne vous cachez plus, ne vous laissez pas berner par la tendance actuelle qui voudrait que nous montrions toujours de nous un visage lisse, neutre et passe partout. Combattez la tiédeur, qui n’est que la mort des idées. Ne soyez pas progressistes par complaisance, car la modernité c’est de savoir revenir en arrière avant qu’il ne soit trop tard.
La France est le pays de la liberté, la droite est le parti de la liberté. Ne vivons plus cachés mais envahissons les plateaux télé, les médias, le web et les réseaux sociaux. Soyons des français décomplexés, joyeux, optimistes, sûrs de nous, fiers de notre histoire et voulant construire à partir d’elle un avenir radieux. Nous ne sommes pas non plus des bisounours naïfs mais des gestionnaires ancrés dans le réel : la droite est implantée dans la majorité des villes moyennes de France, ne l’oublions pas.
Bref, arrêtons de bouder et ouvrons enfin notre grande bouche tous en cœur, pour la bonne cause bou Diou !
Blandine Arnaud