Partons d’un simple constat : les jeunes Français, comme les moins jeunes n’ont qu’une
idée abstraite de ce qu’est la « culture française ».
Dénigrée, entachée, dépassée par sa voisine américaine, la culture est pourtant le socle commun de toutes civilisation, un outil de sentiment national qui permet à termes de se sentir appartenir à une base commune pour mieux faire fructifier celle-ci.
La culture est l’ensemble des connaissances, des savoir-faire, des traditions, des coutumes, propres à un groupe humain, à une civilisation. Elle se transmet socialement, de génération en génération et non par l’héritage génétique, et conditionne en grande partie les comportements individuels. La culture englobe de très larges aspects de la vie en société : techniques utilisées, moeurs, morale, mode de vie, système de valeurs,
croyances, rites religieux, organisation de la famille et des communautés villageoises,
habillement, etc.
On distingue généralement trois grandes formes de manifestation de la culture : l’art, le
langage et la technique. Et au niveau individuel, la culture est l’ensemble des connaissances acquises par un être humain, son savoir-faire, son savoir-être. Quant à la sociologie, un être dénué de culture n’appartient à aucun bloc national dixit dénué de capital social. Ce concept est introduit par les sociologues Pierre Bourdieu
(1930-2002) et Jean-Claude Passeron (né en 1930) dans leur ouvrage « La Reproduction : Eléments pour une théorie du système d’enseignement » (1970). Le capital culturel étant l’ensemble des savoirs, des compétences et des valeurs dont dispose un individu du fait de son appartenance à un milieu familial et socio-culturel. Bourdieu y fait état d’un capital culturel « incorporé ». Les compétences faisant partie intégrantes de l’individu, acquises lors du processus de socialisation (aisance sociale, capacité à s’exprimer en public, etc.). Or force est de constater un inquiétant rejet du sentiment national chez nos jeunes, ou nos moins jeunes, dans les quartiers, qui tend dangereusement à s’étendre vers les centres. Posons la présomption que cette propagation du rejet national est une
conséquence du mimétisme. La tendance est à la banlieue-attitude, parler un arabe cassé, relever des drapeaux étrangers, dénaturer la langue et vanter son analphabétisme. Le déni d’un capital culturel pourtant nécessaire à l’intégration sur le territoire national est une conséquence — plus ou moins acceptée dans les milieux intellectuels — d’un choc des civilisations spontané résultant d’une totale impunité d’un laisser-passer d’acculturation. En des mots plus simples : les jeunes des banlieues sont enclavés dans des quartiers à tendance « ghetto » où la/les cultures d’ailleurs ont pris le dessus sur la base culturelle commune, rendant le processus d’intégration caduc. La mode étant aux banlieues, cette volonté de non-alignement dans le bloc national se propage dangereusement dans des milieux sociaux supposément intégrés.
Quand Bourdieu fait état du capital culturel « incorporé », il précise que les compétences
qui le composent coûtent du temps et nécessitent un investissement personnel ou institutionnel, un travail d’inculcation et d’assimilation.
Ce dernier point requiert ma particulière attention.
Le processus de capitalisation culturel nécessite un investissement institutionnel à défaut de quelconques possibilités personnelles. La volonté de se conformer au bloc national, dans un pays se voulant uni culturel mais pluri ethnique dans son essence, implique l’intervention de nos structures étatiques voir, dans le cadre d’un processus de socialisation primaire, de nos établissement scolaires.
Il s’agit de reconquérir des territoires, une jeunesse délaissée, déconnectée, déconstruite et ce, par l’intervention d’un acteur trop sous-estimé : le patrimoine culturel.
S’il existe une telle dysmorphie entre la perception du patrimoine français à l’étranger et
sur le territoire national, d’une admiration franche à une répulsion assumée, force est de
constater que les pouvoirs publics n’ont vraisemblablement jamais exploité cet outil soft
power d’une quelconque manière que ce soit.
La notoriété culturelle de la France a toujours été ancrée dans l’esprit des audiences étrangères.
Qui n’a jamais entendu parler des Misérables, n’a pas souhaité s’aventurer dans les galeries du Château de Versailles ou ne s’est pas émerveillé devant les pâtisseries de Pierre Hermé ?
C’est de cela que traite le concept de soft power. Conceptualisé par Joseph Nye dans les années 1990, le soft power (littéralement « pouvoir doux »), désigne la capacité d’un État à séduire et à attirer une audience étrangère, par le biais de trois sources principales et non coercitives : son patrimoine, ses valeurs, et ses politiques étrangères lorsqu’elles sont perçues comme légitimes.
Or, si l’outil de soft power influence positivement l’audience étrangère, quid de ne pas l’appliquer dans les territoires conquis par la non intégration ? À terme de cette « brève »introduction que j’espère suscite un certain intérêt, je vous propose quelques idées non-exhaustives liant jeunesse et intégration par l’engagement et la passion.
Force est de constater que certaines de ces idées sont d’ores et déjà proposées par des candidats majoritairement du camp national, or les prémices de la culture par l’enseignement naissent des propos de Jaurès et de Clemenceau. Il s’agira ainsi de poser la présomption que qu’importe le bord politique, être français c’est s’assumer patriote. Du passe culture, au service national universel en passant par l’éducation morale et civile et de l’engagement local de nos établissements scolaires, le projet culture et patrimoine envisage une incruste complète d’un soft power nationalisé au coeur du service public.
Le passe culture (et non pas pass culture), vous le connaissez, vous en bénéficiez. Mais savez-vous qu’il est une part intégrante du projet de loi de finances pour 2022 soit nos impôts à hauteur de 45 millions d’euros au service de l’accès des jeunes à la culture et au patrimoine immatériel présent sur le territoire français. Or « sur le territoire français » n’est pas « français ». Une étude menée par Le Parisien dénombre qu’en date du 28 octobre 2021, plus de 795 000 passes culture ont été délivrés en France. 53 % des achats sont des livres et plus de la moitié sont justement des exemplaires de la série One Piece. Si l’engouement pour les mangas a boosté l’activité des librairies spécialisées, il ne rend pas
hommage à ce qu’aurait dû être la mission première d’un tel dispositif financé par les
français : développer l’attrait les jeunes enclavés pour le patrimoine national, vulgariser une culture trop snobe et à termes, susciter l’engagement.
Or le patrimoine, c’est aussi son immatérialité dont sa gastronomie et un certain art de
vivre qu’il faut rendre accessible à tous les français et en particulier aux enclavés
culturellement. Je propose une journée par mois dédiée à la promotion d’un certain savoir-vivre gastronomique avec des ateliers ludiques et à l’histoire de celui-ci dans les établissement primaires et secondaires pour toucher au mieux dès la socialisation
primaire de l’enfant.
Je propose ainsi non seulement d’élargir le passe culture au delà des lycéens et collégiens mais encore de limiter sa destination aux domaines strictement intellectualisants plutôt que de laisser nos impôts financer la promotion de cultures étrangères et d’un contenu peu stimulant.
Une candidate de la droite nationale, vous savez qui, proposait de créer un Service National du Patrimoine ouvert aux jeunes sur la base du volontariat pour oeuvrer à la restauration, à la protection et à la valorisation du patrimoine matériel et naturel de la France métropolitaine et ultramarine. Or, le président sortant est entrain, durement mais surement de mettre en place un Service National Universel (SNU). Quid d’inclure un volet culture et patrimoine dans le SNU, des jeunes engagés à la découverte de leur histoire et
de la géographie locale. C’est par la transmission au plus près de la ruralité et de son patrimoine matériel que l’on transmet des idées, des valeurs et un semblant de fierté. Jaurès disait « On n’enseigne pas ce que l’on sait ou ce que l’on croit savoir : onn’enseigne et on ne peut enseigner que ce que l’on est. ».
L’engagement local est davantage pertinent lorsque s’y mélange culture & patrimoine.
J’aimerais inciter les structures jeunesses, les établissements scolaires à travailler avec
les structures locales de préservation du patrimoine. Le but étant de stimuler l’engagement de la jeunesse au service d’un bloc national et autour d’une histoire et d’une culture commune qu’ils seraient fiers de transmettre. Reconstruire des églises et des châteaux, aider dans les vignes c’est comprendre sur quelle histoire l’idée d’une Nation française s’est bâtie. Je suis persuadée de l’idée de quitter les salles de classe pour aider au coeur de l’action suite davantage l’interêt qu’un cours d’histoire répétitif.
D’autres idées sont à faire germer, de moi et de vous et j’aimerais conclure par cette phrase d’Antoine de Rivarol : « L’homme sans culture est un arbre sans fruit. » Il est nécéssaire d’être conscient de ce qu’est être français pour fédérer un peuple au service d’une culture commune, la base d’un ré-engagement d’une jeunesse qui se perd.
Jâd Delozanne
Bravo Jad ! Très intéressant et bien écrit !