La politique au sens de l’organisation et de l’exercice du pouvoir accompli – ou pas – au travers d’un mandat représentatif, s’effectue en France par un travail contradictoire. Pour déterminer si la femme doit occuper une place particulière au sein de ce monde, il s’agit d’identifier si le politique doit garantir une représentation d’incarnation ou de ressemblance. Dans le premier cas, le politique est la personnification d’une idée ou d’un concept que l’on retrouve dans l’idée de nation au sens d’une entité abstraite qui a besoin d’être incarnée. Dans le second cas, plus contemporain, on cherche la personnification non plus de valeurs mais de personnes : les représentants doivent être à l’image des représentés.
Dans un premier temps et pour déterminer l’utilité d’un des précités types de représentation pour mener l’action politique, il faut comprendre le mécanisme d’exécution des volontés des représentés. La naissance de droits spécifiques à une catégorie de population arrive souvent dans un contexte social particulier, avec une forte mobilisation des concernés mais qui finit toujours par être porté par le pouvoir politique pour aboutir. La première difficulté à laquelle est confrontée le concept de représentation-ressemblance est la nécessité à un moment donné d’avoir un représentant politique pour porter une cause et ce sans qu’il soit nécessairement concerné personnellement par la question. A titre d’illustration, le droit de votes des femmes a été le fruit dans un premier temps de la mobilisation d’associations féministes dès l’entre-deux-guerremais dont les doléances finissent par être portées par le pouvoir politique de l’époque, en l’occurence le Général de Gaulle. En effet, ce dernier déclarait en juin 1942 qu’ « une fois le territoire libéré, tous les hommes et toutes les femmes de chez nous éliront l’Assemblée Nationale » avant de transposer juridiquement le droit de vote par une ordonnance de 1944.
Sur le même schéma, le droit à l’interruption volontaire de grossesse avait pour faits générateurs les évènements sociaux des années 1970 (loi Neuwirth en 1967 sur la contraception, le procès de Bobigny en 1972 ou encore le Manifeste des 331 en 1973) puis a été transposé dans le droit par la loi Veil. Dès lors, Simone Veil s’est hissée en figure du féminisme sous-entendu que cette loi ne fut promulguée que parce qu’une femme en avait pris l’initiative. Mon propos va dans le sens d’une remise en question du titre de noblesse contemporain : « féministe », on pourrait donc se demander si Valéry Giscard-D’Estaing a chargé Simone Veil de gérer le dossier de l’IVG parce que c’était une femme ou – en toute logique – parce qu’elle disposait des compétences et connaissances nécessaires sur la question non pas grâce à sa condition de femme mais plutôt parce qu’elle était ministre de la santé.
Ceci étant dit et à titre personnel, vous conviendrez qu’il aurait été ridicule que mon engagement en politique soit animé par une nécessité de représentation-ressemblance, auquel cas j’eus été tiraillée entre l’incarnation de Najat Vallaud-Belkacem ou de Rachida Dati…
Dans un second temps, s’il n’y a matériellement pas besoin d’une représentation-ressemblance pour mener une action politique efficace sur les sujets qui concernent uniquement les femmes (principalement des sujets de santé), les décideurspolitiques se sont entêtés à réserver des places aux femmes en politique. Si des différences biologiques rendaient auparavant l’accès au pouvoir impossible pour les femmes car il donnait lieu à des rapports de force et de virilité, aujourd’hui l’exercice démocratique est principalement contradictoire.
En ce sens, l’ordonnance du 21 avril 1944 du Général de Gaulle dispose que « les femmes sont électrices et éligiblesdans les mêmes conditions que les hommes. », l’égalité de droits politiques est donc consacrée pour les femmes. Alors, l’exercice contradictoire, de construction de la pensée n’étant ni inné, ni dépendant d’un sexe, il est nécessaire de questionner la cohérence du principe contemporain de « discrimination positive », incarné notamment au travers de la parité des listes. Soit elle est utile parce qu’on considère que l’exercice politique se situe comme expliqué plus haut dans un cadre de représentation ressemblance et dans ce cas il faudrait ajouter de la parité en fonction des couleurs de peau, de l’âgeou encore de l’orientation sexuelle de chaque Français afin de garantir une représentativité parfaite de la population. Soit elle est utile parce qu’on considère que les femmes, bien qu’elles disposent des mêmes droits et moyens que les hommes pour être élues, ne puisse réussir dans ce domaine sans un coup de pouce juridique.
En réalité il s’agit d’un combat contre un ennemi invisible, mené dans le cadre d’une vague idéologique erronée et pourtant cautionné par la droite alors même qu’il va à l’encontre d’un des principes qui font l’essence de notre engagement : la méritocratie.
Consciente des différences biologiques puis comportementales entre les deux sexes je ne reste pas moins mal à l’aise avec les mesures de « discriminations positives » – en réalité d’assistanat – qui n’ont pour seul effet que de décrédibiliser ou a minima de remettre en question la légitimé des femmes en politique puisqu’elles bénéficient du cadeau empoisonné qu’est la parité obligatoire. Mon propos, et je le clorais là dessus, est celui d’une Française engagée en politique dans l’espoir d’agir pour la sauvegarde des valeurs de la République, de la culture et de l’histoire de son pays, mais humblement inquiète de l’utilité de fournir un travail intellectuel, de fond, quand la forme donnera toujours une part d’illégitimité.