Nous sommes le 7 mai 2017, Emmanuel Macron vient d’être élu sur un score sans appel avec près de 66% des voix. Parmi celles-ci, un grand nombre provient de la gauche mais plus surprenant, de la droite. Pourquoi un tel score ? Comment expliquer qu’un si grand nombre d’électeurs de François Fillon à l’époque candidat de la droite et du centre ait voté Emmanuel Macron – pourtant le candidat du nouveau monde, issue de la gauche europhile et progressiste ?
2017 marques officiellement la mort de la droite en France. Fracturée, divisée et irréconciliable. Pourtant si l’on se réfère aux résultats des candidats de droite en 2017, ceux-ci représentent plus de 45% des voix. Marine Le Pen obtient21,5%, François Fillon 20% et Nicolas Dupont Aignan 4,5%. Imaginez-vous ce bloc uni, capable de s’entendre et de proposer un programme commun basé sur le conservatisme,sur le libéralisme protectionniste, l’identité et le pragmatisme écologique.
Depuis 2017, se joue un match : les nationaux versus les mondialistes et la droite traditionnelle ne cesse de botter en touche. Un regain d’espoir a pu apparaitre lorsque Laurent Wauquiez, candidat d’une droite conservatrice, est élu avecune large majorité (75% des suffrages) à la présidence des républicains en 2017. Un souffle d’espérance s’est observédurant la brillante campagne de François Xavier Bellamy lors des élections européennes de 2019. Un conservateur, libéral et très attaché à la puissance de la France à l’international. Cependant LR et ses vieux démons vont ressortir. Bellamy est largement devancé par le talentueux Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblent National. Ce dernier se payant le luxe de finir devant la très europhile Nathalie Loiseau. Le problème de François Xavier Bellamy ne fut pas sa campagne ou ses prises de positions mais son étiquette. Pour donner suite à son faible score Laurent Wauquiez est contraint de démissionner sous la pression des centristes. Les Républicains n’incarnentdésormais plus l’alternative.
Comme le dirait Robert Ménard, « c’est par la base que se créera cette union ». Les dirigeants politiques préfèrentconserver leur poste quitte à trahir leur électorat. Chez LR, on préfère jouer la carte du « ni Macron, ni Le Pen ». Il est ambigu d’exclure les candidats soutenus par le RN mais de ne rien faire vis-à-vis des candidats disposant de la double investiture LR/LREM. Ces exemples sont légion, loin d’être des cas isolés. Prenons l’exemple de la municipale de Nice. Le candidat Christian Estrosi est soutenu officieusement par La République En Marche, mais surtout, possédait des colistiers JAM, MODEM et plus surprenant divers gauches. SI l’on suit cette logique, pourquoi exclure la possibilité de s’allier avec le candidat RN quand on sait que Jordan Bardella est arrivé en tête avec 28% des suffrages aux Européennes dans la même ville. Ces exemples sont multiples et même Robert Ménard, àBéziers, s’est vu opposé un candidat LR en face de lui, alors que la victoire était assurée et que le premier candidat LR avait renoncé. La question de la PMA est aussi symptomatique de ce virage des Républicains vers le progressisme. Onobserve que lors du vote au Sénat, pas moins de 22 sénateurs ont voté pour la PMA et 23 se sont abstenus, faisant basculerle vote en faveur du clan du « oui ». L’électorat de droite est lassé de ces compromissions constamment en faveur descentristes et c’est à se demander si LR (pourtant en train de mourir) ne prendrait pas la direction des mondialistes.
Prenons l’exemple de nos voisins Anglais, Italiens, Autrichiens où l’union des droites a permis à ces gouvernements d’être au pouvoir, avec la réussite que l’on connait. Ne reproduisons pas l’erreur de l’Allemagne, pour laquelle la bien pensance des dirigeants font que la CDU s’est alliée au SPD (parti socialiste Allemand) et aux écologistes. Alors que dans le même temps l’AFD (parti d’extrême droite) est en train de prendre le monopole de la droite et du conservatisme. Même exemple pour l’Espagne avec VOX qui connait une ascension fulgurante alors que la droite traditionnelle préfère s’associer aux centristes. Pour avoir la création d’un bloc national réellement de droite et conservateur nous ne pouvons plus avoir dans nos rangs un cadre qui dénonçait il y a quelques années « le terrorisme jambon beurre ». A contrario, nous ne pouvons non plus continuer sur une ligne trop sociale issue de la gauche. Nous ne pouvons accueillir des militants issus de la France Insoumise. La droite est sociale, mais c’est un mot galvaudé, la droite ne doit plus être sociale pour le slogan mais parler à tous.
LR doit arrêter ses compromissions aux progressistes et auxcentristes. Ce fut le cas avec la ligne incarnée par Laurent Wauquiez. Quant au RN, il doit diminuer sa ligne sociale qui freine une grande partie des électeurs de droite à franchir le pas. Un élément d’espérance se situe dans le départ de Florian Philippot et l’arrivée de personnalités telles que Thierry Mariani ou Jean-Paul Garraud, issues d’une droite plus républicaine.
Nous constatons l’émergence aussi discrète qu’irrésistibled’une nouvelle élite, d’un nouveau groupe politique« réveillant la droite » selon Valeurs Actuelles. Composé par Marion Maréchal (ancienne député FN), Xavier Breton(député LR), Nicolas Bay (vice-président du RN), Robert Ménard (maire de Bézier) et même François Xavier Bellamy(député européen Les Républicains). Notons aussi l’émergence de nombreux intellectuels conservateurs faisant du progressisme un combat culturel, le philosophe Alain FINKELKRAUT, l’historien et homme fort de la campagne de Nicolas Sarkozy Patrick Buisson mais surtout le célèbre et sulfureux journaliste et essayiste Éric Zemmour auxquels nous pouvons ajouter Alexandre Devecchio (journaliste au Figaro) mais également la talentueuse Charlotte D’Ornellas (journaliste à Valeurs Actuelles). L’initiative de « la convention de la droite » à Paris où des personnalités telles que Xavier Breton, Érik Tegnér, Robert Ménard, ÉricZemmour, Elisabeth Levy, Yvan Rioufol, Laurent Obertone ouGilles-William Goldnadel ont réfléchi ensemble à l’impasse du progressisme, et de la nécessité d’une réflexion importante sur l’avenir de la droite.
Pour que cette droite se relève il faut trouver des solutions et non pas des compromis. Ce bloc doit arriver le plus vite possible, avant que les partis n’explosent, avant que la gauche ne retriomphe, avant 2022. Il en va de l’avenir de la droite, de l’avenir de la France.
Andrea Orabona