Il est de bon aloi, dans les sociétés occidentales, de considérer le conservatisme comme étant une forme de pensée, un modèle politique et social exclusivement réservé aux autochtones, dans un supposé désir de défendre leur pré-carré face à des allogènes. Cette vision est certes réductrice dans l’analyse de la situation mais elle a le mérite de mettre en exergue diverses formes d’oppositions conceptuelles exploitées par les élites intellectuelles et politiques.
Naguère on opposait les nobles aux roturiers, il n’y a pas si longtemps, les prolétaires aux capitalistes, aujourdhui, la société moderne ayant besoin de se définir dans la défiance de l’autre, on a recherché des divergences, on a tracé des lignes, et puis on s’est dit, finalement, il y a un combat qui reste à mener, celui du progressisme. Le Larousse explique le conservatisme comme étant le refus du changement. Cette définition, parfait contraire du progressisme, permet de planter le décor. On aurait donc des gens qui veulent le changement contre d’autres qui refusent le changement.
Jusque-là tout va bien, mais les choses se compliquent quand on veut connaitre les lignes. Qu’est-ce qui doit être changé et qu’est-ce qui ne le doit pas ? La mondialisation a encouragé la fin des frontières, les choix stratégiques économiques ont développé une autre façon de penser, la réussite ne s’évalue plus à l’aulne de ce qu’on détient en bourse, mais plutôt de la façon de dépenser ce qu’on a acquis. De nouveaux concepts sont apparus, ainsi le regard sur l’environnement a changé, la relation avec l’autre a évolué, on ne prend plus le temps de faire, on doit vite faire, on ne prend plus le temps de déguster, on doit satisfaire un manque, le monde est allé vite, trop vite, vers une dématérialisation, une déshumanisation.
La société s’est terriblement individualisée. Personne ne remet en question cette évolution du monde, on se satisfait de toutes ces belles technologies qui facilitent notre vie, on se satisfait de pouvoir voyager sans subir les contraintes liées au contrôle aux frontières, on se satisfait que tout aille vite et bien, on se satisfait de ne pas avoir d’amis réels mais on affiche fièrement le compteur de nos relations virtuelles, on se satisfait de consommer bio pour sauver la terre, alors qu’on est tout fier de notre dernier smartphone tout plein de minéraux rares nuisibles pour l’environnement, bref, on se satisfait de nos contradictions, mais on s’en fout, on est progressiste.
Le progressisme ce mot à la mode, ce mot qui permet de croire que nous sommes dans le bon wagon.
On assume être chrétien, on est accusé d’être trop conservateur ! On roule au diesel, on est accusé d’etre trop conservateur ! On préfère être carnivore que vegan, on est accusé d’être trop conservateur ! On critique l’écologie punitive, on est accusé d’être trop conservateur ! On préfère les émissions de Patrick Sébastien à celles d’Hanouna, on est accusé d’être trop conservateur ! On défend le parcours naturel de vie en s’opposant à la PMA sans père et à la GPA, on est accusé d’être trop conservateur ! On refuse l’immigration clandestine pour encourager l’immigration légale, on est accusé d’être trop conservateur ! On défend le droit de Maurice le coq et d’autres animaux de symboliser la ruralité, on est accusé d’être trop conservateur !
Être conservateur, est-ce une honte ? Même si la société moderne promeut le bras de fer manichéen entre populiste et progressiste, on ne peut pas avoir honte de défendre des valeurs simples, des valeurs qui, finalement, relèvent du bon sens, des valeurs qui font la FRANCE. Assumons et soyons fiers de rester des conservateurs.
Verlaine Djeni