Vème République : plaidoyer pour un retour à la lecture gaullienne des institutions
Vème République : plaidoyer pour un retour à la lecture gaullienne des institutions

Vème République : plaidoyer pour un retour à la lecture gaullienne des institutions

La Vème République est née du texte constitutionnel rédigé par Michel Debré et promulguée le 4 octobre 1958 à la suite de son adoption par le peuple français par référendum. Elle est aussi le fruit de la pratique qui en a été faite par celui qui l’a voulue : Charles de Gaulle. En effet, ce qui caractérise un régime est autant le texte qui le réglemente et le définit que la lecture qu’on en fait. La nature de cette Vème République voulue par le général De Gaulle se retrouve presque intégralement dans son discours de Bayeux du 16 juin 1946 où il prône un pouvoir exécutif fort, avec un Président de la République ne dépendant pas des parlementaires.

C’est ce souhait qui va le pousser à une révision constitutionnelle, par le biais du référendum législatif de l’article 11 de la Constitution d’octobre 1962 qui vient poser l’élection du Président de la République au suffrage universel direct. Ainsi, le Parlement est mis de côté. La rationalisation constitutionnelle empêche ainsi ce dernier d’être aussi influent que sous les IIIème et IVème Républiques.

De Gaulle souhaite alors faire reposer le bon fonctionnement du régime sur la souveraineté populaire. Le Président de la République, élu par le peuple, dispose de sa confiance et c’est à lui de s’assurer du maintien de cette confiance à travers les élections législatives ainsi qu’à travers l’utilisation du référendum. Si le Président se retrouve battu aux urnes, il perd la confiance populaire et donc n’a plus la légitimité à exercer ses fonctions. C’est ce que fera d’ailleurs de Gaulle lui-même après son échec lors du référendum de 1969.

Or, voilà, cette lecture des institutions, qui convenait parfaitement avec l’esprit du régime, n’a pas été suivie par ses prédécesseurs. Pire encore, de nombreuses révisions constitutionnelles sont venues mettre à mal les institutions imaginées par le général.

Le Parlement a regagné un peu de pouvoir mais c’est bien “l’hyper-présidentialisation” qui pose problème du fait que, désormais élu pour cinq ans, le Président de la République n’a plus d’élections législatives au cours de son mandat qui servaient de “jauge de confiance” du peuple français envers son Président.

Ce mandat présidentiel a été raccourci à cinq ans pour éviter un problème qui ne devait pas exister : la cohabitation. Au cours des élections législatives, c’est une majorité opposée au Président de la République qui se retrouve à l’Assemblée nationale, obligeant le Président à prendre comme Premier-ministre le chef de cette majorité. Si l’on suit la lecture qu’à fait De Gaulle des institutions, la défaite aux élections législatives serait une défiance politique envers le Président et donc un motif de démission.

Autre problème, l’utilisation du référendum législatif se fait beaucoup trop rare. Le dernier en date remonte à 2005, ce qui fait que sous les quinquennats Sarkozy et Hollande, il n’y a eu aucun référendum proposé au peuple français.

La Droite, héritière légitime du gaullisme, a elle aussi ses torts dans la perversion du régime. C’est elle qui la première, avec Valéry Giscard d’Estaing, a refusé de prendre en compte le résultat des élections législatives en tant qu’indicateur de confiance à la politique présidentielle. C’est aussi sous les mandats du président Chirac que l’on a vu la première défaite à un référendum qui n’a pas entraîné de démission, avec le référendum de 2005.

C’est cette perversion du régime qui le rend si inefficace et qui entraîne cette déconnexion entre le peuple et ses dirigeants. Une déconnexion qui est responsable de la crise des gilets jaunes. C’est pourquoi il est devenu important de revenir à une lecture gaullienne des institutions.

Aujourd’hui, les revendications pour une VIème République se font plus grandes chaque jour alors que c’est une fausse solution. Aussi jolie que puisse être cette sixième république, elle ne collera jamais autant à la France et à son peuple que la Vème République originelle.

Cela passe déjà par un retour à un septennat qui serait renouvelable deux fois ; mais aussi par un changement d’attitude qui consiste à consulter le peuple par référendum assez régulièrement.

De cette manière, le chef de l’État sera plus proche de son peuple et pourra alors mieux le servir. Le peuple sera lui plus reconnaissant envers celui qui l’écoute et lui permet de participer, par le vote, aux décisions du pays.

La droite doit être l’héritière du gaullisme. Elle doit renouer avec cet héritage et le porter. Il faut se rappeler, à chaque instant, que la droite est populaire ou elle n’est pas. Pour cela, elle doit reprendre cette lecture gaullienne des institutions si pertinente et la suivre lorsqu’elle sera de nouveau à la tête de l’État. Elle doit impérativement renouer avec le peuple français qui souffre, si elle veut, un jour, redevenir audible et surtout crédible.

De Gaulle nous a légué un héritage, nous l’avons gâché. À nous de le retrouver.

Théo Dutrieu

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